1.1 Généralités et définitions

Aristote indiquait déjà que décrire la personnalité c’est « découvrir ce qui est spécial à chacun » : la diversité côtoie alors la complexité ! Sur le plan étymologique, « Persona, masque de l’acteur du Théâtre Antique » exprime certaines caractéristiques individuelles stables manifestées dans des situations diverses (comportements).

Le XXè siècle voit apparaître pléthore de définitions du concept de personnalité. Dès 1937, Allport, l’un des auteurs les plus représentatifs de l’époque sur cette question, fait une revue de la littérature et dresse un catalogue de 50 acceptions différentes qui s’étendent sur un continuum allant de la façon d’être observable au moi. Il définit la personnalité comme :

‘« L’organisation dynamique interne de l’individu, des systèmes psychophysiques qui déterminent son adaptation particulière à l’environnement… » (Allport 1937) p.40.’

Le Petit Robert 2004, la définie comme :

‘[…] ce qui différencie une personne de toutes les autres ; ensemble de comportements constituant l’individualité d’une personne.’

Pour Funder, la personnalité correspond « aux structures récurrentes de pensées, d’émotions et de comportements d’un individu, ainsi qu’aux mécanismes psychologiques (cachés ou pas) qui sous-tendent ces structures » (Funder and Ozer 1997) p.2.

Et enfin pour Cottraux :

‘« La personnalité se définit comme l’intégration stable et individualisée d’un ensemble de comportements, d’émotions et de cognitions. Elle correspond au mode de réaction émotif, cognitif et comportemental face à l’environnement qui caractérisent chaque individu ». (Cottraux, in Féline, Guelfi & Hardy, 2002, p. 47)’

La conception biophysique d’Allport et celle du dictionnaire sont centrées sur l’individu, sans envisager de rétroaction avec l’environnement.  Ces auteurs envisagent le comportement comme l’expression de la personnalité, Funder et Cottraux ont une vision plus large et envisagent les attitudes (comportements, états affectifs, motivations) comme révélateurs d’une personnalité sous influence d’un milieu.

La personnalité, au sens psychologique du terme, se définit comme le noyau relativement stable de l'individu, sorte de synthèse complexe et évolutive des données innées et des influences du milieu socioculturel et environnemental en général. La connaissance de la personnalité est souvent un enjeu important en ce qu'elle permet de prévoir, avec une marge d'erreur variable, le comportement dans des situations ordinaires. À travers la personnalité du sujet, le psychologue approche les différences inter-individuelles mais aussi la structure intra-individuelle.

La question des relations entre personnalité et accidentologie est centrale dans les approches développementales du trouble des conduites. Il apparaît que les facteurs sociologiques et environnementaux, tout comme les facteurs génétiques, n’expliquent pas à eux seuls les conduites accidentogènes : tous les individus exposés à un environnement défavorisé ou « criminogène » ne développent pas forcément des comportements dangereux. L’évolution des connaissances, en particulier de la neuro-imagerie n’est pas absente des progrès dans le domaine de l’étiologie. À ce titre, de nombreuses études ont permis de montrer que des facteurs individuels -la personnalité- ont une influence sur l’apparition, le maintien ou la sévérité du trouble des conduites. La mise en évidence de tels liens apporte un éclairage sur les mécanismes étiologiques mis en cause et permet le traitement individualisé, adapté à cette hétérogénéité clinique.

La personnalité peut être définie en traits ou en types, sans la réduire à une somme de critères mais en concevant une synergie. Pour éviter certaines confusions, nous allons distinguer quelques modèles et termes.