3. Prise de risque et recherche de sensations

La notion de risque a longtemps été liée aux circonstances environnementales (météorologiques), contre lesquelles l’humain est impuissant. Elle ne s’est que très récemment étendue à l’activité humaine. Aujourd’hui, l’étude du risque est générique et porte sur tous les secteurs de l’activité. De nombreux auteurs ont étudié le concept de « prise de risque » qui ne se limite pas au danger, à la menace et la défaillance, à l’incertitude, ni même au risque. On parle de « mise en risque » dès lors que l’on peut identifier un ou des facteurs, fixer des probabilités d’occurrences et évaluer des dommages (amalberti and Gilbert 2001). La théorie du jeu a introduit la notion de risque positif. Selon le contexte, la prise de risque est valorisée (travail) ou réprimé (route). Aujourd’hui, les sociétés contemporaines développées sont définies comme étant essentiellement des « sociétés du risque » (Gilbert 2002) p.114. L’individu délègue au système (État) la responsabilité de la prise de risque et lui demande d’être sans faille alors que le sujet a également envie de prendre des risques, dans une dynamique de plaisir. Une contradiction de fond s’observe entre le système et le sujet qui repose en partie sur la déresponsabilisation de l’humain dans les grands systèmes. Nous pouvons alors nous demander pourquoi le risque est admis, recherché ou toléré dans certains pans de l’activité sociale et refusé dans d’autres. La prise de risque sur la route consiste à adopter un mode de raisonnement sous contrainte (temps essentiellement). Amalberti précise qu’en conduite automobile, il semble que pour être opérationnel, il faille renoncer à tout comprendre et avoir une gestion sous-optimale de l’action dans laquelle le sujet se trouve. Le jeu de contrôle de l’action ne se limite pas à l’erreur humaine, il repose aussi sur la façon de concevoir le risque, de se le représenter, de l’organiser et de le gérer pour envisager des modes de traitement collectif.

Après avoir circonscrit le concept de prise de risque, nous aborderons les modèles théoriques afférents, puis nous distinguerons le risque individuel du risque social et nous insisterons sur les aspects cognitifs, conatifs, volitifs et biologiques de la prise de risque, pour finir par la perception et l’évaluation du risque en distinguant les aspects pathologiques des aspects structurants.