3.2.1 Économie de la prise de risques

Sur un tout autre versant, le modèle économique de la prise de risque propose un autre cadre de références. Rachlin l’illustre avec le concept de « mélioration »50 et de maximisation51(Rachlin 1997). Dans cette approche, les forces de motivation ultime résident dans le contexte environnemental et la théorie du choix est mise en avant. Cette approche consiste à évaluer le risque sous l’angle de son efficacité. Bernouilli dès 1738 l’envisage sous l’angle de l’utilité espérée qui repose non pas sur sa valeur absolue mais sur les bénéfices estimés (Bernouilli 1738). Le risque tend vers un objet but et la principale variable associée à la prise de risque est l’efficacité. Ainsi, la personne qui aurait une propension à la prise de risque (« facultés/dispositions ») tendrait à vérifier régulièrement sa capacité à tirer son épingle du jeu.

Le modèle économique présente un intérêt certain car il souligne une dialectique assez fondamentale du comportement humain, entre mélioration et maximisation. Cette dialectique se retrouve de façon plus ou moins équivalente, dans de nombreux modèles dérivés (voir Tableau 2 ci-dessous), qu’il s’agisse des deux principes du fonctionnement mental de Freud (Freud 1911), des jeux internes de (Franck 1996) qui, finalement, reprennent ceux de Platon, de l’addiction rationnelle (Becker and Murphy 1990), de la dialectique comportementale (Loonis 1997) de la recherche de sensations (Zuckerman 1994) ou des états méta-motivationnels de la théorie d’inversion (Apter 1982).

Cazenave, dans sa thèse sur un public de femmes, précise que plus le score d’efficacité est haut au test (Generalised self-Efficacy Scale), plus le sujet est enclin à prendre des risques (Cazenave 2006). L’équipe de Gullone associe une faible perception du risque à un score en extraversion élevé (Gullone and Moore 2000).

Une relation directe entre la perception des risques et la fréquence des comportements dangereux est difficile à démontrer, à priori ; des variables intermédiaires comme le sentiment d’efficacité personnelle et la recherche de sensations sont susceptibles d’en modifier l’impact (Slanger and Rudestam 1997; Llewellyn 2003)

Notes
50.

Tendance à privilégier l’utilité locale et immédiate « paratélique de Apter  »

51.

Privilégiant l’utilité globale « télique de Apter  »