3.2.2 Eléments de synthèse des modèles de comportement

Tableau 2 : modèles du comportement humain
Dialectique fondamentale du comportement humain
( Mélioration-Maximisation )
Modèles Mélioration :
utilité locale et immédiate
Maximisation :
privilégiant l’utilité globale
Principe du fonctionnement mental
Freud (1911)
Principe de plaisir Principe de Réalité
Principe de la recherche de frissons ou de sécurité
Balint (1959)
Personnalité Philobate Personnalité Ocnophile
Théorie du renversement d’états psychologiques
Apter (1982)
Etat paratélique Etat télique
Théorie de l’addiction rationnelle Becker
(Murphy, 1990)
Consommateur « Myope » Consommateur « Prévoyant »
Théorie de la recherche de sensations
Zuckerman (1994)
Grand chercheur de sensation (HSS) Petit chercheur de sensation (LSS)
Théorie des jeux internes
Frank (1996)
Agent « Appétit » Agent « Raison »
Dialectique comportementale
Loonis (1997)
Motivation Antimotivation

Ces modèles soulignent le caractère volontaire ou involontaire de la prise de risque. Nous partageons la vision d’Heyman, pour lequel, les conditions dans lesquelles se trouve un individu favorisent l’exposition mais non l’usage (Heyman 1996). L’usage serait alors du ressort de la personnalité.

Le modèle médical déterministe réduit les conduites addictives au pôle irrépressible du plus fort que soi, alors que la volonté reste présente. Il adopte le découpage platonicien entre « appétit » et « raison » et abandonne la dimension de la « passion ».

La psychanalyse comble le manque de l’approche médicale et nous renseigne sur la faculté individuelle à se mettre en danger. L’accident inconsciemment et/ou pré consciemment provoqué peut être l’expression d’un ressentiment ou d’une revanche, le sujet recherche alors la blessure comme monnaie d’échange, pour se réconcilier avec lui-même ou/et avec les autres. L’éclairage de la psychanalyse permet d’accepter l’hypothèse de l’inconstance temporelle de l’état dangereux au volant. Ce courant de pensée rapproche les facteurs de risque de l’estime de soi.

Plusieurs « déterminismes » coexistent, le type de personnalité n’est que le reflet d’une structure. La recherche de sensations qui s’exprime à travers la prise de risque est un trait de personnalité sous influence psychobiologique et psychosociale. En tout état de cause, il existe plusieurs façons de prendre des risques en fonction des individus. Il existe des conduites à risques constructives, d’autres destructives. La prise de risque, outre les variables de personnalité et au-delà des variables situationnelles, dépend de l’évaluation qu’en fait lui-même le sujet. La prise de risque pourrait résulter de l’association d’une faible estime de soi (du domaine de la personnalité) et de la recherche de sensations dans une optique hédonique d’autorégulation. L’équipe de Michel a montré, sur un public de jeunes, que la recherche de sensations constitue un facteur important dans les processus d’initiation et de maintien du comportement de consommation de substances psychoactives (Michel, Purper-Ouakil et al. 2001). Nous pouvons envisager une transposition à l’ensemble des comportements à risque. D’après (Moore and Gullone 1996) la représentation du risque est un facteur explicatif d’une grande part de la variance de la prise de risque. Dans la prise de risque routier, il semble que les fonctions pratiques et de prestance priment (Projet Villes – Fondation MAIF, 2002). La vitesse apparaît comme un comportement à risque récurrent et catalyseur. Plus qu’un facteur de risque, la vitesse inscrit la prise de risque dans une démarche de recherche de sensations ou « sensation seeking », (que nous dénommerons « SS »), de plaisir, d’identité. Patricia Delhomme considère non pas la vitesse plaisir mais la vitesse comme une habitude par analogie aux comportements alimentaires dont il est difficile de se détacher (Delhomme and Kreel 2008).