3.3.2 Mécanisme individuel de la Prise de risque

La prise de risque est un phénomène très complexe. Sa définition prend en compte la dimension du danger physique et celle du hasard, donnée par le côté imprévisible des situations. La prise de risque par le sujet revêt quatre caractéristiques fondamentales :

Lors de la prise de risque à court terme, la notion d’acte est prédominante : les actes s’inscrivent dans le registre somato-moteur et dans le registre social qui induit une valorisation de soi et souligne la dimension active du comportement. Le risque à long terme rend compte du danger potentiel différé qui survient souvent dans la répétition d’une action : une passivité sociale, l’ignorance des consignes de sécurité ou l’application non stricte de celles-ci le caractérisent. Il s’agit de mécanismes de non-observance de la règle, du registre de la fuite où le danger est seulement perçu comme possible et toujours différé.

Une pratique à risque correspond à un outil psychologique pour tester ses limites et accéder à des émotions fortes. Le plaisir de la prise de risque doit comporter l’existence d’un danger virtuel représentable, le hasard et/ou le regard admiratif des autres. Dans la conduite à risque, soit le risque est la condition nécessaire (il représente alors l’objet imaginaire des actes), soit il est l’objet d’un déni. Les conduites à risque peuvent donc résulter d’une confrontation non maîtrisée au danger et déboucher sur des conséquences néfastes, sans que le danger soit vraiment perçu en tant que tel. Elles sont souvent associées à l’accident : de nombreux auteurs illustrent ce lien, que ce soit sous l’angle de l’impulsivité, de l’hyperactivité, de l’instabilité émotionnelle, des troubles de l’attention ou des traits de personnalité (Friedman and Rosenman 1974; Jonah 1997; Vavrik 1997; Jelalian, Alday et al. 2000). Le lien entre la prise de risque et le profil de personnalité a été illustré par Friedman et sa batterie de tests au service de la personnalité de type A qui serait plus encline à pratiquer des sports à risque que celle de type B (Friedman and Rosenman 1974). Un aspect important de son étude est la distinction entre amateurs et instructeurs. Ces auteurs identifient un profil spécifique pour chacun d’eux. Le profil de l’instructeur est alors plus proche de l’individu moyen qui évite les sports à risque. Les instructeurs ont des scores (Psychoticism and Self-Efficacy) semblables à la population témoin. L'une des explications peut être que les amateurs sont moins au courant des dangers potentiels que les instructeurs. Par ailleurs, Friedman et Rosenman précisent que le score d’extraversion au test d’Eysenck des amateurs et instructeurs est bien plus élevé que celui de l’étalonnage.