Risque pathologique

Compte tenu de la littérature étendue sur le propos, nous présentons un tableau de synthèse dans lequel nous développons les idées clefs des différents travaux que nous regroupons de façon grossièrement thématique compte tenue de la difficulté de classer ces concepts qui se recoupent.

Une première grande classe concerne le risque non désigné (Risque anomique), la deuxième concerne le risque (catharsis) fondée sur la tension alors que la troisième catégorie regroupe les divers degrés de risque de rupture allant jusqu’à la rupture elle-même et au risque ordalique, qui constitue le point de non-retour.

Tableau 3 : Synthèse des courants de la prise de risque, versant pathologique classement thématique
Types de risques Appuis théoriques Auteurs Apports théoriques
Risque anomique, le moins défini et le plus large Théorie fonctionnaliste. Affaiblissement des liens sociaux. Esterle Hedibel 1995 Culture corporelle du risque chez les jeunes de banlieue. Délinquance, adrénaline, ère du « tout, tout de suite ».
Contexte familial et scolaire défavorable Jessor 1989 « Théorie des comportements problèmes » Conduite à risque comme syndrôme de comportements de santé à risque.
Intégration sociale incomplète, de type limitée à la bande Hirschi 1969 « Théorie du contrôle » : risques socialement acceptés (sportif par exemple) pour les jeunes intégrés, risques déviants pour ceux dont l’intégration se limite à la bande (groupe).
Risque catharsis Etats tentionnels, agressivité accumulés. Assailly 1992 Extériorisation du stress, compensation des frustrations par l’action
Excellence par le risque Pathologie du gagneur, de l’excellence à tout prix et en tout Ehrenberg 1991 « Culte de la performance » transposé aux activités sportives et de loisirs. (compétitiion, « adrénanophiles »)
  Aubert & De Gallejac 1984 Logique Entreprenariale de l’excellence transposée au domaine extra-professionnel : compétition, sport
Risque stratifié Théorie de l’habitus Boltanski 1971 Exposition fréquente de sa santé, absence de prévention, tolérance à la douleur élevée dues à un habitus spécifique.
Risque stratégique Théorie de Bourdieu Pociello 1981 Réaction face à la chute ou au déclassement social. Rêve d’envol social »
Risque pour rompre avec la routine Intégration excessive, situation sociale trop stable, liberté entravée « déterminismes inversés ». Mitchell 1983
Lyng 1990
Respiration, besoin d’aventure. Pratiques contre la routine, comme l’alpinisme ou le vol libre (donner le meilleur de soi.) Désir d’envol pour échapper à quelque chose.
Situation pour reprendre le contrôle effectif de sa vie Klausner 1968
Sachs 1990
Jeux de hasard, logique de l’indécision. Désir de maîtrise, de contrôle d’un problème tangible, facilement identifiable, contrairement aux problèmes quotidiens plus complexes.
Théorie de la rupture Elias & Dunning 1994 Mimétisme, « jeu de rôle ». on cherche à changer de peau, à se glisser dans celle d’un héros.
Risque Ordalique Crise anthropologique contemporaine. Perte du sens, des valeurs, des repères. Le Breton 1991 Tests de son existence, recherche du sens de la vie. Conduites ordaliques. Dépassement de la vie et défi de la mort.
Frustration de la « bourgeoisie de compétence » face aux agents dotés d’un fort capital économique. Bourdeau 1995 Compensation par la confrontation au signifiant noble qu’est la mort, dont la valeur est, elle inestimable.