Risque dynamique

Comme précédemment, nous avons introduit un tableau de synthèse à partir de la revue de la littérature, notre classement thématique part de la construction du sujet pendant l’adolescence où le risque est identitaire, nécessaire et indispensable. Le résultat de la confrontation de l’adolescence au risque et son mode de gestion sont déterminants à l’âge adulte. Le mode de gestion du risque mais aussi sa prévention dès le plus jeune âge, joue un rôle important dans le cadre de la socialisation de l’adulte (point d’ancrage de notre conception de la prévention).

Tableau 4 : Synthèse des courants de la prise de risque versant dynamique classement thématique
Type de risques Appuis théoriques Auteurs Apports théoriques
Risque rituel Phase psychologique du développement pubertaire.
Théorisation de la socialisation juvénile
Assailly 1992 Recherche de « containing » de limites, d’autonomie à l’adolescence. Expérimentation de son nouveau corps.
  Pociello 1992 Rite de passage, quête initiatique favorisée par l’aventure, le risque. Turbulence juvénile.
Psychologie de la construction identitaire Tap 1996 Marquer sa différence, « se construire » en se distinguant. Désir de concurrencer l’adulte.
Se signaler en s’opposant, en affinant ses spécificités Loret 1995 Logique de la transgression, tests de la société. Désir de repousser les limites.
Risque émotion Théorie esthétique, recherche de sensations Zuckerman 1979
Loret 1995
Assailly 1992
Les jeunes sont des « sensation seekers ». Stimulation, plaisir recherché. « Culture fun », prise de risque prétexte à la sensation, au « frisson ». Culte du plaisir
Risque identitaire Microsociologie, interactionnisme symbolique Assailly 1992
Goffman 1974
Risque comme signifiant identitaire. Support stratégique dans les relations de face-à-face (communication, lien social).
Théorie de Bourdieu sur : champ et stratégies spécifiques Pociello 1981 Pratique d’un sport à risque comme élément distinctif au sein du groupe des sportifs.
Désir de reconnaissance des plus démunis symboliquement Ehrenberg 1991
Therme 1995
Rey 1993
Désir d’appartenance au monde des vainqueurs pour les « exclus de la performance » scolaire notamment, grâce à des prises de risque destinées à « être quelqu’un ». Pour ne pas être personne.
Risque cognitif Individualisme méthodologique. Psychologie cognitive Delignieres 1993 Notion de risque préférentiel (rapport maximal entre les bénéfices et les coûts liés au comportement adopté), maîtrise de soi, de ses possibilités. Le jeu rationnel avec le support pratique. Risque calculé avec sentiment de maîtrise.
Risque mode de vie Théorie de la culture Corneloup 1990 Expression d’un mode de vie, prédisposition à l’aventure. Partage d’émotions communes, socialité autour du risque.
Risque post-moderne Théorie post-moderne Maffesoli 1991-1997 Accomplissement de soi grâce au côtoiement du risque, de l’aventure et de la mort. Errance, vagabondages permettant le développement d’une personnalité vitale. (risque de rupture).
Risque des valeurs Théorie des conflits Pages & Corneloup 1990 Cohérence entre les comportements adoptés et les valeurs du changement, du mouvement, de la transgression. Idéologie libertaire
Risque tragique Sociologie du tragique, anthropologie de la mort Baudry 1991
Griffet 1991
Nécessité d’apprivoiser, de jouer avec la mort, cette altérité qui fonde le rapport au monde. Délimitation plus précise du réel et de soi. Signe d’un « vouloir vivre ».

L’étiologie du risque est aussi diversifiée que ses objectifs conscients ou inconscients. Pour les uns, le risque est pathologique, on doit donc au titre de la prévention, tout mettre en œuvre pour le minimiser, pour les autres il est constructif et donc indispensable à la maturation de l’être humain.

Nous nous interrogeons sur l’aspect pathologique ou/et constructif de la prise de risque des stagiaires PAP et précisons que les deux dimensions peuvent cohabiter chez un même sujet. La prise de risque tout en étant liée à l’infraction n’y est toutefois pas systématiquement associée. Alors que les infractions « violations, plaisirs » relèvent de la prise de risque, les infractions « erreurs » n’y sont pas consciemment associées. La prise de risque ne relève donc pas automatiquement de la recherche de sensations.