3.6 Recherche de sensations, sub-traits et traits de personnalité

La « SS » est corrélée positivement aux besoins d’autonomie, de changement, d’indépendance à l’égard du champ et négativement à la discipline et à l’éducation. Les résultats des études sur le lien entre l’anxiété et la recherche de sensations ne sont pas consensuels. Smith indique que les amateurs de sensations fortes sont moins affectés par les événements stressants alors que Wills précise que l’engagement dans les conduites à risque est un mécanisme adaptatif de réduction de l’anxiété (Smith, Ptacek et al. 1992; Wills, Vaccaro et al. 1992). Ces deux représentations du concept ne sont pas nécessairement exclusives mais complémentaires ; ces auteurs abordent un même problème sous deux angles d’approche différents.

On distingue deux grands groupes de preneurs de risque pour lesquels la recherche de sensations diffère. Le premier groupe possède un ajustement psychologique défaillant (anxiété, dépression, pessimisme, faible estime de soi) et favorise la recherche de sensations, en particulier dans des activités de désinhibition (alcool, drogue, sexualité débridée…). Ce groupe se compose d’individus qui tendent à ne plus penser à leur mal-être et à leurs problèmes, en s’adonnant à des activités qui captent l’attention. Il s’agit d’une «fuite» de la conscience de soi.

Les individus de l’autre groupe sont relativement bien équilibrés psychologiquement, avec une meilleure estime de soi. Dans les activités à sensations, ils recherchent une valorisation qu’ils n’ont pas forcément ailleurs ou pas assez en fonction de leurs besoins. Ils sont dans une logique de compensation, nécessaire à la préservation d’une bonne image de soi. Ici le registre relève de la maîtrise de l’activité, de la construction de soi.

La recherche de sensations (contrairement à l’acceptation de Zuckerman) serait liée à la perception de ses propres aptitudes. L’individu performant prend plus de risque qu’un individu moyen, du fait de la représentation qu’il a de son propre potentiel, renforcé par les situations vécues (théories du renforcement). Les sujets dont le score « SS » est élevé roulent plus vite mais percutent moins souvent que ceux dont le score « SS » est faible. L’équipe de Rimmo précise que les jeunes les plus fréquemment impliqués dans un accident de la route, dans la tranche des 18-21 ans sont étonnamment ceux qui sont le plus expérimentés. On peut émettre l’hypothèse d’une interaction entre l’appréciation individuelle des aptitudes et les émotions négatives (Trull and Sher 1994) développées dans le chapitre de la prise de risques. Les émotions négatives apparaissent alors comme un facteur de confusion lors de la mesure de l’interaction entre recherche de sensations et appréciation des aptitudes individuelles.

Quel que soit le groupe de sujets, la recherche de sensations relève d’autant plus d’un moyen d’adaptation d’un moi fragile que l’opposition et la destruction prennent une part importante dans cette quête.

Pour conclure, les différences individuelles se fondent sur un terrain biologique. Dans toutes les études consultées, la «SS» est plus élevée chez les hommes que chez les femmes ; elle croît jusqu’à 16 ans, pour diminuer ensuite. En outre, elle augmente avec le niveau d’éducation et le statut social.