4.4.2 Détracteurs de la notion de propension à l’accident dans le domaine de la conduite

L’équipe d’Arbous réfute non seulement l’approche statistique (méthodologique) du concept d’ « accident proneness », mais également l’existence de traits de personnalités [il formule l’une des critiques les plus mordantes de l’ « accident proneness » (Arbous and Kerrich 1953)]. Ils contestent l’existence prouvée d’un ensemble de traits de personnalité durables comme « cause » de disposition à l’accident. Certains groupes seraient seulement plus enclins à l’accident, dans des périodes de vie déterminées. Rares sont les individus qui ont régulièrement des accidents durant toute leur vie de conducteur. Il s’avère difficile alors de parler de traits de personnalité. À moins que nous envisagions la possibilité donnée au sujet au fil du temps, de « déplacer » l’expression d’un même trait, permettant sa manifestation tout au long de sa vie mais sur différentes cibles, et maintenant ainsi un profil stable. L’équipe d’Arbous souligne la nécessité de mieux définir le concept de responsabilité et l’évaluation de son importance.Hakkinen distingue la prise de risque de l’exposition et en échoà Arbous propose de contrôler les facteurs environnementaux sur une population de chauffeurs Finlandais. Il conclut que pour une même exposition, certains sont plus enclins à l’accident que d’autres (Hakkinen 1958). Il énonce que c’est aller bien au-delà des faits que d’émettre l’hypothèse que la disposition est entièrement due à des traits et tendances de la personnalité sous-jacente lorsque des sujets deviennent plus enclins aux accidents répétés à une période de leur vie. Cette dernière approche s’enrichit de la théorie du renversement d’un même état émotionnel (Apter , 1982). La modélisation d’Apter fait l’objet d’un développement dans la partie () sur les aspects économiques de la prise de risque.

Pour Leigh, les critères d’exposition au risque tels que les heures supplémentaires, les catégories professionnelles, la durée et les conditions de travail, sont des éléments plus prédictifs de l'accident industriel que les caractéristiques individuelles liées à la personnalité (Leigh 1986). Une combinaison d’attributs, liés à l’inadaptation, ne peut être assimilée à la notion de prédisposition. Le concept, s’il existe, ne constitue alors pas une explication uni-causale. De notre point de vue, le débat est stérile tant qu’il est fait référence aux « causes » de la prédisposition à l’accident et non aux facteurs qui en augmentent la probabilité.

Peu à peu les facteurs d’influence du comportement sont de moins en moins abordés de façon manichéenne. L’accident proneness s’envisage selon une logique combinatoire. Les différentes approches ne sont plus exclusives mais corrélées.