4.4.3.2 Prédominance des facteurs psychologiques

Haviland constate que le conducteur ayant un antécédent de crime sur le plan juridique, trois fois plus fréquemment cité en justice pour des infractions de circulation, et presque vingt fois plus fréquemment impliqué dans des accidents graves que le conducteur non criminel. En substance, les criminels impliqués dans de graves infractions au code de la route tendent à être impliqués dans des crimes graves. A contrario, ceux impliqués dans des infractions plus bénignes seraient impliqués aussi dans des délits criminels moins lourds. Ceci suggère que le degré de déviance, voire de délinquance d’un individu, face aux normes sociales, se retrouvent dans différents domaines (Haviland and Wiseman 1974).

Enfin, sur des échantillons de personnes âgées, Dunbar valide le concept (Dunbar, Wolfe et al. 1939). Elle conclut à l’existence de deux catégories d’accidents : les « vrais» accidents (que l’on ne peut pas prévenir) et ceux liés à un facteur de personnalité. Elle démontre que 90 % des patients hospitalisés porteurs de fractures ont des accidents en lien avec un trait de personnalité, contre 12 % seulement de ceux de l’échantillon des personnes atteintes d’une pathologie cardiaques (sous-entendue imprévisible). Elle considère que « l’accident-proneness comme trait de personnalité est un fait démontré ». Dunbar précise que les personnes impliquées dans un accident pourraient être porteuses d’un désir inconscient de subir un traumatisme de cette nature. D’après elle, les personnes présentant ce trait sont : des personnes impulsives, à la recherche de gratifications à court terme plutôt qu’à la poursuite de buts à long terme ; elles ont une attitude irrégulière, en ce qui concerne le sexe et la famille, leur santé les préoccupe, elles éprouvent du ressentiment à l'égard de l’autorité et présentent quelques traits de névrose dans l’enfance.

Les résultats de ces études nous confortent dans l’idée qu’isoler la mesure de la personnalité est difficile en raison de nombreux cofacteurs. L'élaboration d'une typologie doit se faire avec une visée préventive collective, sans prétendre accéder à une prédiction individuelle fiable.

Plus tard, Dunbar nuance son point de vue dénoncé comme abusif par Whitlock du fait que certains de ses sujets à la personnalité dite «accident-prone» cessent, au fil des années, d’avoir des accidents (Whitlock 1971).