1.4.1.4 Modèle cognitif d’autorégulation de Carver & Scheier

Ce modèle est centré sur un comparateur qui réalise la confrontation entre l’état actuel de l’activité et la valeur de référence. La régulation de soi repose sur des processus de maîtrise et d’attention. Lorsque l’attention portée sur soi révèle une dissonance entre le soi idéal et le soi, synonyme d’échecs, l’estime de soi en est affectée. Pour préserver l’équilibre, le comportement est orienté vers des buts au service de deux fonctions fondamentales. La première consiste à satisfaire une image de soi favorable, la seconde en l’évitement d’une situation perçue comme désagréable. En regard de la conscience de soi et du soi idéal, Carver postule que l’individu qui centre son attention sur le soi et constate un décalage entre le soi perçu et le soi idéal peut se comporter de trois façons (Carver and Scheier 1981) :

  1. il tente d’atteindre le but idéalisé,
  2. il recherche une source d’amélioration de l’estime de soi dans une activité annexe, les chances de réussite lors de l’approche directe du but étant minimes,
  3. il évite et tente de détourner son attention de la conscience de soi (fuite).

Le modèle de Carver se fonde sur le principe d’une double rétroaction : rétroaction primaire (régulation des activités), régulation secondaire (celle du but). Durant une séquence, le stagiaire peut réviser sa propre représentation, l’affiner et la corriger.

Les mécanismes et stratégies d’autorégulation font partie des bases de la formation non explicitées aux stagiaires : ils constituent la trame de l’intervention. La stratégie d’autorégulation mentale est une sorte de voix intérieure rappelant l’information pourvue de sens, à conserver et organiser en mémoire et à actualiser dans les comportements ; elle peut être menée de façon automatique ou bien consciente et contrôlée.

Les principales stratégies pour réduire la charge de travail sont l’utilisation de schémas (unités complexes d’information représentant une gamme de concepts corrélés mais stockés en une seule unité d’information) tels : la segmentation (simplification qui consiste à regrouper l’information par unités de sens, pour exemple, le numéro de téléphone enregistré par regroupement de deux chiffres, liste de commissions fixée par associations d’idées…), la schématisation et le collapsing qui reposent sur : « ça ressemble à…, c’est donc… ». Ces schémas constituent des sortes de grilles d’analyse et de catégorisation qui nous permettent d’appréhender plus facilement une réalité spécifique. Quand notre chemin croise un arbre, nous n’en construisons pas entièrement les caractéristiques au moment t de la rencontre, mais nous identifions cet arbre particulier comme proche de notre schéma représenté (analogue au sens littéral). En outre, pour réduire notre charge cognitive, nous inscrivons nos schémas dans des scripts prédéfinis (envisager et se représenter un itinéraire, résoudre un problème).