3.1.1 Infractions déclarées « jamais commises »

Tout comme M.B. Biecheler [sur un échantillon de 1002 conducteurs français sélectionnés dans divers secteurs géographiques (Biecheler-Fretel 1983) p. 94], nous distinguons plusieurs types de règles ; pour certaines on peut parler d’infraction coutumière.

Tableau 11 : Évolution des règles entre 1983 et 2004
RÈGLES 1983
M.B. Biecheler
n=1002
2004
% de « jamais »
n= 1161

Type 1
Respectées par plus de 77%
Dépassement en troisième positionStop Queue de poisson Alcoolémie Sens interdit (86,2%)Bande d’arrêt d’urgence (81,3%)Stop (80,5%)Queue de poisson (75,5%)

Type 2
Respectées par plus de 51%
Ligne blanche continue Dépasser juste Absence de clignotant Refus de priorité Ceinture (72,6 %)Alcoolémie (70,1%)Ligne blanche continue (68,2%)Rouler trop doucement (58,8%)Dépasser juste (53,8%)+ 30km/h sur autoroute (52,7%)Téléphoner sans kit (49,6%)Suivre de près sur autoroute (46,5%)
Type 3
Respectées par plus de 35%
Ceinture Vitesse en agglomérationForcer le passage Refus de priorité (44,7%)Stationnement interdit (43,5%)Doubler à droite (43,5%)Changer de file (37,1%)Absence de clignotant (34,2%)
Type 4
Respectées par
moins de 35%
Excès de vitesse de jour Excès de vitesse de nuit Feu orange Feu orange (25,3%)Excès de vitesse de nuit (22,5%)Excès de vitesse en ville (22,4%)Excès de vitesse de jour (12,4%)Excès vitesse 10km/h autoroute (9,3%)
Légende : gras =règles communes, vert et rouge = règles qui ont changé de statut selon le sens

Soulignons tout d’abord que l’infraction n’est pas un événement rare, M.B Biecheler parlait en 1983 d’infraction coutumière. Aujourd’hui encore les règles les mieux respectées le sont à

80 %. Cela signifie donc que lorsqu’il se présente à une intersection, un conducteur sur 5 ne respecte pas systématiquement l’arrêt. Le baromètre AGF AFPC 2008123 annonce 85 % pour le respect systématique du stop.

Les résultats de notre étude peuvent être classés selon la typologie de M. B Biecheler en fonction du pourcentage de personnes qui respectent la règle et non pas en fonction de la typologie des règles elles-mêmes. C’est ainsi qu’en type 1 on trouve un comportement qui répond à une indication expressément donnée (stop) aux côtés d’un comportement de conduite qui relève de la personnalité du sujet (queue de poisson).

Règles de type 1 : le stop et la queue de poisson demeurent aujourd’hui encore les règles les mieux respectées.

Règles de type 2 : l’alcoolémie est déclassée par rapport à 1983. 77 % des conducteurs déclaraient ne jamais enfreindre cette interdiction alors qu’ils ne sont plus que 70 % en 2004. Réaliser un dépassement limite ainsi que franchir la ligne blanche sont restés dans la classe. On constate une amélioration du port systématique de la ceinture avec 73 % alors que cette règle n’était observée que par 55 % des usagers le jour et 64 % la nuit.

L’usage du téléphone tenu en main, qui n’existait pas en 1983, est une interdiction respectée systématiquement par la moitié des conducteurs seulement.

Règles de type 3 : l’usage systématique du clignotant (qui concernait 62 % des usagers) ne concerne plus que 34 % des conducteurs. Le respect absolu de la priorité (51 % des conducteurs en 1983) est passé à 45 %.

Règles de type 4 : L’excès de vitesse de jour comme de nuit et le feu orange sont toujours les règles les moins respectées et leur taux de respect systématique a même encore baissé.

Synthèse :
En 20 ans de prévention, le paysage a peu évolué mis à part pour le port de la ceinture.
Le feu orange et les règlementations de vitesse sont encore aujourd’hui déclarés comme étant systématiquement respectés par moins de 30 % des conducteurs.
Le clignotant est déclaré systématiquement utilisé par un tiers seulement des usagers, ce qui représente un net recul.
Le refus de priorité est également en hausse, ainsi que l’alcoolémie positive (n.b. la limite légale a baissé entre les deux études, passant de 0,8 à 0,5 g/l).
Même pour les règles matérialisées, le respect absolu ne dépasse pas les 80 % des usagers.
Le progrès touche uniquement la ceinture de sécurité.
On peut donc plutôt parler de recul du respect de la règlementation.

Notes
123.

Le taux de 15 % de conducteurs qui admettent ne pas respecter le stop de façon systématique du baromètre AGF AFPC 2008 est mentionné page n°9 du magasine Prudence Mag de l’hiver 2008-2009.