I.3. La latéralisation cérébrale du langage

I.3.1. La latéralisation hémisphérique du langage et d’autres fonctions chez l’homme

Si Paul Broca n’était d’abord pas convaincu du lien entre la perte de la parole et le côté de la lésion cérébrale avec ses deux premiers patients, vers 1864, il a bien noté l’importance de l’hémisphère gauche dans la parole (Springer and Deutsch, 1993). Il a nommé « aphémie » la perte de parole, ce que nous appelons « aphasie » de nos jours.

‘« J'avais été frappé de ce fait que, chez mes premiers aphémiques, la lésion occupait toujours non seulement le même point du cerveau, mais encore le même côté, le côté gauche. Depuis lors, sur un nombre d’autopsies qui s’élève maintenant à plus de vingt, on a trouvé constamment que les lésions de l’aphémie étaient situées à gauche. On a observé en outre un très grand nombre d’aphémiques vivants qui, pour la plupart, présentent une hémiplégie plus ou moins complète, et cette hémiplégie occupe les membres du côté droit. […] Et voici un autre fait bien remarquable : on a plusieurs fois trouvé sur la troisième circonvolution frontale de l’hémisphère droit des lésions qui n’avaient pas altéré la faculté du langage. […] Il semble résulter de là que la faculté du langage articulé est localisée dans l’hémisphère gauche du cerveau ou au moins qu’elle dépend principalement de cet hémisphère ».
- P.Broca. (1864) ’

A partir des premières observations de Broca et d’observations ultérieures chez des patients, les chercheurs ont noté que les problèmes de compréhension de la parole ainsi que de lecture et d’écriture résultent tous de lésions de l’hémisphère gauche (HG) et non de lésions de l’hémisphère droit (HD). Le terme « dominance cérébrale » a donc émergé pour décrire l’idée qu’un hémisphère, habituellement le gauche, régit la parole et d’autres fonctions linguistiques ; l’HD, sans attribution spéciale (donc « mineur »), est subordonné au contrôle de l’HG « dominant ». Le concept associé à ce terme, à l’origine, sous-estime le rôle de l’hémisphère droit, cependant, l’expression est encore utilisée actuellement.