I.3.3.2. Asymétrie du corps, asymétrie anatomique et latéralisations fonctionnelles de cerveau

Malgré une apparente symétrie, nous avons tous une asymétrie du corps, particulièrement au niveau des viscères. Les études récentes ont montré que trois voies de signalement (SHH, FGF8 et NODAL) jouent un rôle crucial sur la détermination de l’asymétrie du corps (pour une revue voir Hamada et al., 2002), et NODAL semble aussi jouer un rôle essentiel pour régler l’asymétrie anatomique du cerveau selon les études chez le dard-perche (Halpern et al., 2003). Cependant, existe-t-il un tel gène (ou gènes) pour décider de la latéralisation cérébrale fonctionnelle chez l’homme? Les latéralisations cérébrales fonctionnelles sont-elles liées à l’asymétrie anatomique du cerveau ?

Si les études de Knecht et al. (2000, 2001) ont montré une probabilité de dominance HD atypique au niveau d’une grande population, il existe aussi, rarement, un situs inversus complet (une position en miroir des organes par rapport à la position habituelle) chez l’homme ainsi que chez l’animal (voir Sun and Walsh, 2006 pour une revue).

Les études précédentes convergent aussi vers l’existence d’asymétries anatomiques du cerveau. Parmi ces asymétries, la plus connue est celle des fissures Sylviennes, qui séparent les lobes frontal et temporal. La fissure Sylvienne dans l’HG est plus ventrale et se prolonge de façon plus postérieure dans l’HG que dans l’HD (Van Essen, 2005 ; Toga & Thompson, 2003). Une plus grande taille du planum temporale, une région temporale supérieure postérieure, est aussi observée chez la plupart des sujets droitiers (Hirayasu et al., 2000 ; Chi et al., 1977).

Selon certains chercheurs, cette asymétrie structurelle existerait déjà avant la naissance et bien avant toute expérience linguistique ou manifestation de préférence manuelle. Ceci suggère que le nouveau-né ait une propension préprogrammée à latéraliser son langage à gauche, même si une représentation bilatérale ou un transfert dans l’hémisphère droit reste possible (Chi et al., 1977).

Pourtant, Kennedy et al. (1999) ont examiné le rapport entre l’asymétrie du corps, l’asymétrie anatomique du cerveau et la latéralisation fonctionnelle du cerveau chez les individus qui ont un situs inversus. Tandis que ces individus ont aussi une asymétrie anatomique inversée du cerveau, ils ont par contre une dominance HG pour le langage. Ceci suggère que les latéralisations fonctionnelles et l’asymétrie du cerveau ne soient pas nécessairement reliées, bien que le rapport entre les deux reste à découvrir.