1 Des Fonctions exécutives au contrôle cognitif

1.1 Fonctions Executives : nouveauté et contrôle

Les « fonctions exécutives » désignent un groupe de fonctions cognitives de haut niveau mobilisées pour la réalisation de comportements complexes, volontaires, adaptés aux sollicitations de l’environnement et dirigés vers un but. Ces fonctions de « contrôle » de l’action – souvent synonymes de « fonctions frontales » – incluent des capacités variées d’initiation, de planification et d’anticipation, d’orientation des ressources attentionnelles, de prise de décision, de résolution de problème, etc. Sous leur apparente hétérogénéité, ces capacités exéctuives répondent ainsi au même objectif, celui de faciliter l’adaptation de l’individu à des situations nouvelles, lorsque les comportements déjà acquis ne suffisent plus (Shallice, 1982 ; Palmer & Heaton, 2000 ; Meulemans, 2004).

Les fonctions exécutives paraissent donc sollicitées chaque fois qu’une tâche requiert la mise en œuvre de processus contrôlés. Dans la conception théorique originale du « système exécutif » – défendue entre autres par Shallice (1982, 1988) –, on retient habituellement deux critères pour l’intervention de ces fonctions de haut niveau (voir Rabbit, 1997) :

  1. Le premier de ces critères est celui de la nouveauté : les fonctions exécutives sont nécessaires pour réaliser des tâches nouvelles qui requièrent (a) la formulation d’un but, (b) la planification et le choix des différentes séquences comportementales qui permettront d’atteindre ce but, (c) la comparaison de ces plans entre eux, fonction de leur efficacité dans l’accomplissement du but poursuivi, (d) la mise en œuvre du plan sélectionné jusqu’à son accomplissement final, et enfin (c) l’éventuelle révision de ce plan en cas d’échec.
  2. Le second de ces critères est celui de l’allocation contrôlée des ressources attentionnelles. Les fonctions exécutives seraient nécessaires pour initier de nouvelles séquences de comportement tout en interrompant des séquences en cours, ou en supprimant des réponses habituelles (routines). En d’autres termes, ces fonctions de haut niveau contrôleraient l’allocation des ressources attentionnelles chaque fois que l’environnement – ou les nouvelles exigences de la tâche en cours – commanderait le passage (switching) d’une séquence de comportement à une autre. Ce contrôle actif de l’attention, effectué sur de longues périodes de temps, favoriserait ainsi le déroulement de longues séquences de comportement. De fait, les fonctions exécutives seraient également indispensables pour contraindre la production de réponses inappropriées, pour coordonner la réalisation simultanée de deux tâches ainsi que pour détecter et corriger des erreurs (dans le programme moteur en cours, par exemple).