2 Profil exécutif et symptômes cliniques : une ou des schizophrénies ?

Si l’évaluation clinique des troubles exécutifs dont souffrent les patients schizophrènes fournit le plus souvent des résultats robustes, il faut souligner néanmoins le caractère diffus et l’extrême variabilité des patterns de dysfonctionnement rapportés (Shallice et al., 1991, pour revue). Cette variabilité, inter- et intra-individuelle, s’observe tant du point de vue du nombre de fonctions déficitaires que du point de vue de la sévérité des déficits.Bien plus importante chez les patients schizophrènes que chez les sujets contrôles, l’hétérogénéité de ces déficits pose la question de leur spécificité quant à la schizophrénie elle-même (O'Leary et al., 2000).

Au sein du pattern global de perturbations cognitives dont souffrent les patients schizophrènes, les troubles exécutifs pourraient en effet constituer des déficits primaires, spécifiques de la maladie (Saykin et al., 1991). Cette hypothèse, néanmoins, ne fait pas consensus, et selon certains auteurs le profil cognitif des patients schizophrènes traduirait plutôt l’existence d’une perturbation généralisée, excessivement diffuse, au cœur de laquelle émergeraient parfois des déficits plus saillants (exécutifs, par exemple), difficiles à systématiser, et par conséquent non spécifiques de la maladie elle-même (Heinrichs & Zakzanis, 1998).

Ce débat, encore très vif (Ragland, 2003 ; Bozikas et al., 2006, pour revue), semble se poursuivre aujourd’hui pour au moins deux raisons, théorique et méthodologique, qui tiennent à la nature même de l’objet discuté (les fonctions exécutives) et à la pertinence des outils développés pour l'évaluer.