3 L’architecture du contrôle cognitif

Les fonctions dites « exécutives » sont, comme leur pluriel l’indique, des fonctions éminemment composites, produit de l’activité coordonnée de sous-processus cognitifs distincts (d’encodage, de sélection, d’inhibition, de manipulation de l’information, etc.). L’opération concertée de ces processus de traitement est cruciale pour la réalisation de comportements flexibles, adaptés aux exigences de l’environnement. Ces comportements s’inscrivent naturellement dans la durée, et, pour cette raison, requièrent le traitement d’informations variées, parallèles et souvent asynchrones. Les processus chargés du traitement de ces informations se doivent par conséquent d’être coordonnés entre eux, afin de garantir l’unicité du comportement dans le temps de son exécution (cf. figure 1, p.19).

La coordination de ces différents sous-processus est assurée par un mécanisme de contrôle soutenu, appelé « contrôle cognitif » ou « contrôle exécutif » 2, dont la nature, la puissance, et l’implémentation ont donné lieu à un nombre considérable d’interprétations (Funahashi, 2001, pour revue). Au total, ce contrôle est reconnu pour sous-tendre une capacité cruciale, que nous mobilisons au quotidien : la capacité de coordonner nos pensées et nos actions en accord avec les buts qui les ont initiés.

Le caractère diffus des dysfonctionnements exécutifs recensés dans la schizophrénie pourrait en réalité traduire une altération plus profonde de ce mécanisme de contrôle – commun à toutes les fonctions exécutives –, et dont l’action souterraine gouvernerait la mise en œuvre de comportements élaborés.Or, si les dysfonctionnements exécutifs répertoriés dans la maladie sont relativement bien documentés, il reste encore à déterminer à quel(s) niveau(x) particulier(s) de ce mécanisme de contrôle s’inscrivent ces dysfonctionnements.

Figure 1. Des fonctions exécutives aux processus de contrôle (d’après Funahashi, 2001)
Figure 1. Des fonctions exécutives aux processus de contrôle (d’après Funahashi, 2001)
Notes
2.

On dira à ce titre que les fonctions exécutives sont des fonctions placées « sous contrôle exécutif » (Funahashi, 2001).