4 Protocoles expérimentaux : intention motrice, intention superordonnée, intentions sociales

Quatre groupes de 30 sujets témoins et 4 groupes de 20 patients schizophrènes ont accepté de participer à l’étude, divisée en quatre expériences distinctes (figure 7, p.80).

Dans la première expérience, les participants avaient pour instruction de reconnaître les intentions motrices (lever, tourner ou tirer) d’un acteur manipulant des cubes disposés devant lui (A). Dans la seconde expérience, il était cette fois demandé aux participants de reconnaître le but général d’une séquence de construction : la séquence consistait à nouveau en trois actions simples (lever, tirer ou tourner), successivement réalisées sur trois cubes identiques à ceux manipulés dans la première étude (B). La forme construite représentait ici l’intention privée de l’acteur, que les participants devaient inférer. Dans la mesure où toutes les intentions privées ne sont pas nécessairement le résultat d’une séquence d’actions articulées, nous avons choisi ici de renommer l’intention dite « privée » en intention « superordonnée », i.e. une intention dont le contenu (« éteindre la lumière ») super-ordonne la séquence d’actions réalisées (« tendre le bras », « éteindre l’interrupteur », etc.).

La troisième (C) et la quatrième expérience (D) mettaient en scène deux acteurs, engagés dans un jeu de compétition/collaboration. Le jeu s’organisait autour d’un damier composé de cubes, que les acteurs pouvaient tourner ou déplacer latéralement, certaines configurations encourageant la collaboration, d’autres la compétition. La tâche des participants consistait à inférer le type de stratégie mise en œuvre par le second joueur, étant donné le type de stratégie préalablement adopté par le premier joueur. Dans cette condition à composante sociale, nous manipulions également des intentions motrices (tourner ou déplacer les cubes) et superordonnées (la forme construite sur le damier), modulées par les intentions préalables du joueur précédent (i.e. sa « réputation »).

Figure 7. Séquences d’actions typiques : (A) condition motrice (non-sociale); (B) condition superordonnée (non-sociale); (C) condition motrice sociale; (D) condition superordonnée sociale.