Introduction

La ville, objet d’histoire religieuse ? Dans l’historiographie religieuse contemporaine française, la ville semble à la fois partout et nulle part. Partout, car le cadre urbain est à l’arrière-plan de la plupart des recherches dont l’ambition est de rendre compte d’une histoire du catholicisme dans son rapport à la société qui l’englobe. Qu’il s’agisse d’une histoire des diocèses ou des paroisses, des ordres religieux ou des mouvements, des relations de l’Église avec les différents groupes sociaux ou encore de la vie intellectuelle dans le monde catholique, la ville apparaît comme un élément structurant du contexte dans lequel s’inscrivent ces histoires. Lieu de pouvoir et de rivalités, pôle intellectuel et spirituel, carrefour d’influences, terrain par excellence des réseaux de toute nature, espace des masses et de la modernité, la ville présente une plasticité séduisante, qui a souvent toute sa légitimité scientifique : définie comme périmètre ou lieu de fonctions, elle concentre et rend visibles les enjeux d’une période ou d’une thématique1. Mais la ville semble aussi nulle part, tant l’historien la considère assez rarement pour elle-même, comme objet central du questionnement et non plus seulement comme cadre de l’étude2. Certes, des recherches récentes nous conduiront à nuancer ce point de vue, mais on a pu parler de la thématique urbaine comme celle d’un « angle mort » de l’historiographie religieuse en France3. Comment expliquer ce relatif silence ?

Claude Langlois est un des historiens qui se sont les plus risqués à proposer des hypothèses de réflexion sur ce vide singulier4. À ses yeux, l’explication d’un « rendez-vous manqué » d’une histoire croisant ville et catholicisme est à chercher du côté de l’Église elle-même : l’importance accordée par les autorités religieuses au monde rural a pu conduire l’historiographie religieuse à laisser en friche la question urbaine. Et ce, alors même que l’Église montre un intérêt certain pour les villes après 1945. En témoignent le dynamisme de la sociologie paroissiale dans les diocèses urbanisés au cours des années 1950, puis les tentatives de synthèse lors de la décennie suivante, qui prouvent « l’importance capitale d’une découverte de la ville dans toute sa complexité » par les catholiques. Pour comprendre pourquoi « le catholicisme passe à côté de la ville », l’historien invite à engager des recherches dans cette direction, en particulier sur la période des années 1950 qui seraient de ce point de vue décisives5.

Si l’on adopte l’hypothèse d’un rapport très étroit entre la relative mise à l’écart par l’Église des problématiques proprement urbaines et la marginalisation qu’ont subies ces mêmes problématiques dans le champ de l’historiographie religieuse, encore faut-il comprendre les raisons de ce double désintérêt apparent. On doit rappeler en ce sens que l’histoire religieuse comme le positionnement des milieux catholiques ont longtemps été dominés sur cette question de la ville par les enquêtes de sociologie mesurant en termes quantitatifs la pratique religieuse en milieu urbain6. C’est par conséquent avant tout comme lieu d’un long « désenchantement » que la ville de la modernité était envisagée par les responsables pastoraux pour qui ces études ont été réalisées. Figure du déclin de l’emprise religieuse et de la crise du catholicisme, l’urbain est en outre un domaine difficile à définir du fait des changements incessants qui la caractérisent. Avec Jacques-Olivier Boudon, on peut sans doute affirmer que la ville a fait l’objet d’une méfiance de la part des autorités religieuses, méfiance que les historiens du religieux auraient également incorporée7. Pourtant, même si effectivement « la ville n’est pas un thème marquant de la pastorale catholique au cours des Trente Glorieuses »8, certains auteurs ont récemment signalé les nombreux travaux d’expertise urbaine au sein des milieux d’Église entre les années 1950 et 1980, dans les domaines de la géographie et de la sociologie comme dans celui de la théologie9. « Point aveugle » d’une histoire du catholicisme10 comme du catholicisme lui-même, la ville décidément vaut sans doute que l’on s’y intéresse de plus près. À l’origine de ce travail centré sur l’espace lyonnais figure en bonne place la volonté de comprendre plus largement dans quelle mesure un ou des discours catholique(s) sur l’urbain ont été produits, entendus, appliqués et peut-être occultés.

Il faut reconnaître que les chantiers sur ce thème se sont multipliés depuis une dizaine d’années11. Bruno Dumons a dressé un état des lieux historiographique très documenté de ce qu’il est possible de lire sur ce croisement fécond, même si toutes les études recensées ne prennent pas la ville comme objet d’histoire religieuse ou, inversement, la religion -notamment le christianisme - comme ligne directrice d’une histoire urbaine12. La thèse de Jacques-Olivier Boudon sur Paris vue comme capitale religieuse sous le Second Empire peut être qualifiée de travail pionnier en la matière13. Le cas de la région parisienne fait d’ailleurs l’objet d’une attention particulière de la part des historiens14. Il faut signaler en particulier l’étude de Michel Brisacier dont le principal mérite est de proposer une mise en perspective historique sur plus d’un siècle de ce que l’auteur appelle « la doctrine des constructions d’églises »15. Cet article est à compléter par le travail remarquable d’Antoine Le Bas qui associe le contexte des Trente Glorieuses (rôle interventionniste des pouvoirs publics, création des structures d’aménagement du territoire) aux débats sur la paroisse et à la politique d’équipement des diocèses d’Ile-de-France. Il évoque également les modalités d’une pastorale urbaine et aborde la question de la patrimonialisation des édifices de culte à partir des années 198016. Le cas parisien n’est cependant pas le seul espace offrant des points de comparaison pour l’étude entreprise. Dans un article trop bref portant sur le diocèse de Nantes, Marcel Launay a ainsi analysé de façon remarquable les rapports entre plusieurs modalités de l’approche de la ville par l’autorité diocésaine : construction d’églises nouvelles, Mission régionale en ville, commission diocésaine de sociologie, recensement de pratique dominicale et pastorale d’ensemble17.

Il faut en outre retenir plusieurs travaux assez récents qui envisagent la question à l’échelle de la France et qui seront utilisés comme d’utiles points d’appui et de discussion pour les hypothèses de la thèse. Le travail de Franck Debié et Pierre Vérot sur l’urbanisme sacré au XXème siècle a l’ambition de croiser urbanisation, pastorale et art sacré dans une périodisation assez claire et convaincante qui embrasse une période longue18. Yvon Tranvouez propose également des pistes de réflexion intéressantes qui ont le mérite de mettre en perspective historique certains débats (querelle de l’art sacré, question du financement des églises nouvelles et de leur visibilité, écarts entre la majorité des fidèles et une avant-garde militante), donnant ainsi la mesure de la complexité des rapports entre ville et catholicisme19. Une place doit être faite enfin à des travaux de géographie sociale qui renouvellent les problématiques de l’appartenance (spatiale et religieuse) en partant d’interrogations sur l’espace heuristiquement fécondes : réseaux de fidèles, accélération des mobilités et conséquences sur la recomposition des identités territoriales, aménagement du territoire à l’échelle diocésaine20. Une réflexion sur ce que signifie la présence catholique à travers des indicateurs renouvelés (répartition géographique des groupes de catéchèse, réseaux des Associations des Parents d’élèves de l’École Libre, distribution spatiale des donateurs, cartographie des abonnés à une presse catholique, réseaux caritatifs et de cadres, répartition des communautés nouvelles) n’est pas le moindre des apports sur le croisement entre espace et religion21.

Récemment, plusieurs revues et colloques ont abordé directement la question de la confrontation entre ville et religion22, de même que plusieurs thèses d’histoire de l’art23. La production éditoriale récente semble témoigner également d’un intérêt croissant de la part de catholiques eux-mêmes pour les questions touchant aux modalités d’une présence d’Église dans la ville24.

Les prémisses de la démonstration

L’écriture d’une histoire des relations entre ville et catholicisme suppose un certain nombre de postulats qu’il convient de présenter comme conditions méthodologiques de la recherche qui va suivre. Point n’est besoin de préciser ici que l’Église et le monde catholique en général sont envisagés ici comme objets historiques : sujets à des contingences et à des changements dans le temps et dans l’espace, ils peuvent légitimement subir une observation et un traitement par les sciences sociales.

D’autre part, le religieux n’est pas envisagé a priori comme un obstacle mais comme un éventuel producteur du changement social. Il y a, pensons-nous, un rôle structurant du catholicisme dans le processus de construction et d'aménagement des villes. Ce travail fait l’hypothèse que l’Église est un véritable acteur urbain qui a, avec d’autres, transformé de l’espace en territoire, c’est-à-dire en un espace pensé, aménagé, parcouru, faisant l’objet de représentations complexes et parfois contradictoires. Le territoire n’est pas donné a priori, il est une production et un aboutissement25 dont l’histoire religieuse peut également rendre compte.

En outre, la prétention et la capacité de l’institution ecclésiale à modeler l’espace de la ville contribuent en retour à l’insertion des catholiques dans une société urbanisée. Ce dernier postulat conditionne la démarche même de l’historien du religieux : il ne s’agit pas d’écrire une histoire exclusivement interne du christianisme contemporain mais d’envisager les modalités selon lesquelles les discours et les pratiques des catholiques entrent en résonance avec l’ensemble de la société française, croyante ou non. Il existe par exemple de réelles convergences entre la façon dont l’Église diocésaine d’une part, et les autorités politiques et administratives d’autre part, appréhendent l’urbain et tentent d’agir sur lui. De même, la participation au modelage de l’espace urbain - par la construction de nouveaux lieux de culte notamment - a pu être vécue comme un inconfort pour les responsables diocésains. Courir le risque de la ville implique pour l’Église une acceptation de contraintes fortes, telles que le jeu des négociations ou le recours nécessaire à l'expertise. La question se pose alors de la nature du positionnement face à la ville en croissance : adaptation, modernisation, maintien des héritages ?

Le cœur de la thèse : l’émergence d’une question urbaine

L’hypothèse centrale qui anime notre recherche est celle de l’émergence, au sein du diocèse de Lyon, d’une question urbaine, à comprendre comme la progressive - bien que non linéaire - prise de conscience de l’enjeu urbain. La ville en tant que telle, dans ses composantes globale, territoriale et fonctionnelle, devient l’objet chez les catholiques de discours et de pratiques que cette thèse entend identifier et analyser. Pour le dire autrement : une territorialisation des problématiques pastorales mais aussi d’expertise et de militantisme catholique est à l’œuvre au cours des années 1945-1975 dans le diocèse, saisissable par un certain nombre d’indices.

Cette maturation autour de la question urbaine ne signifie pas que la ville soit devenue le cadre à partir duquel aurait été repensée l’action pastorale diocésaine, y compris après le milieu des années 1970. Celle-ci reste largement tributaire d’un modèle hérité, centré sur la paroisse et sur les milieux sociaux. Mais ce relatif effacement a posteriori de la problématique urbaine chez les catholiques lyonnais n’a pas historiquement signifié un vide dans leurs représentations et leurs pratiques. Au contraire, une grande vitalité caractérise les efforts des prêtres-bâtisseurs, responsables diocésains, sociologues, équipes de laïcs actifs dans les paroisses ou insérés dans des mouvements d’Église pour produire un discours attentif aux réalités de la ville moderne et pour peser sur le devenir d’une société qui s’urbanise alors rapidement. Nous supposons par conséquent que la territorialisation, en particulier pour le cas de l’espace urbain, n’a pas toujours eu la même intensité ni la même pertinence pour l’Église catholique au cours de son histoire. Ce rapport à l’espace peut être historicisé.

Il faut également mettre en relation ce questionnement avec l’histoire de l’aménagement du territoire en France puis l’émergence d’une « politique de la ville », c’est-à-dire le passage, à partir du milieu des années 1970, de la formulation de la « question sociale » en termes de classes ou de groupes sociaux et de conflits liés au travail, à celle d’une « question urbaine » qui envisage le traitement de l’exclusion et des violences via le territoire26. Loin d’être seulement le reflet des antagonismes sociaux, l’espace urbain et en particulier le grand ensemble à la périphérie des grandes villes deviennent les figures majeures à partir desquelles les pouvoirs publics pensent et souhaitent appliquer la modernisation de la société française27. L’habitat et le cadre de vie ont ainsi été les premiers leviers de cette politique de traitement des dysfonctionnements socio-économiques. La territorialisation n’est-elle qu’une façon commode, voire un aveu d’impuissance pour penser la complexité d’une société qui s’est largement uniformisée dans ses modes de vie au cours des Trente Glorieuses28 ? Si l’objet de cette étude n’est pas d’apporter des réponses à ces questions de fond, il reste que cette problématique a des répercussions directes sur le traitement de notre sujet. Parce que le concept de « banlieue à problèmes » est socialement et historiquement construit comme espace de la relégation et comme catégorie de l’action publique29, la question urbaine ne se réduit sans doute pas à la simple transposition des problèmes sociaux dans un espace. Or, ce changement de paradigme a été utilisé en histoire sociale pour retrouver la trace de groupes sociaux aux contours devenus flous. Ce détour par l’espace permettant de circonscrire des objets est-il alors le signe d’une concession à une mode éphémère qui aurait peu à voir avec l’exigence de scientificité ? Pour notre part, nous y percevons plutôt avec Annie Fourcaut l’indice d’un renouvellement fécond de l’histoire urbaine30 et, pour ce qui nous concerne, de l’histoire religieuse.

Deux axes structurent le questionnement autour de la prise en compte du territoire urbain par les catholiques lyonnais. Il s’agit en premier lieu de s’intéresser à la façon dont ils participent à la « fabrique de la ville »31, et ce dans plusieurs domaines : la construction et l’accès au logement d’urgence, la construction d’églises nouvelles, ou le recours à l’expertise, mélange de considérations techniques, de visées théologiques et de préoccupations pastorales. Cette prétention à peser sur les formes de l’urbanisation suppose entre autres une connaissance de l’espace urbain et de ses logiques. L’Église est en quelque sorte assignée à déterminer une bonne herméneutique du territoire, pour évaluer les conditions de possibilité de son action, voire de son emprise. Car la croissance urbaine rend floues et fuyantes les dimensions de la communauté traditionnelle. Inversement, des pratiques catholiques peuvent être comprises comme la résultante de la croissance urbaine. Ce second axe envisage l’urbanisation comme un phénomène modifiant en retour les structures internes de l’institution diocésaine ou la nature de la pastorale mise en œuvre.

Cette présentation reste théorique : dans la pratique, ces deux mouvements sont difficiles à dissocier. De même, il ne faut pas comprendre qu’il y aurait eu d’abord une prise de conscience de l’enjeu urbain, donnant lieu à une construction intellectuelle élaborée une fois pour toutes, puis des pratiques qui en auraient été les effets mécaniques. L’histoire que nous écrivons est celle de l’élaboration concomitante de schèmes mentaux et de pratiques sociales concrètes, dans laquelle les représentations de la ville se modifient à l’épreuve du terrain. La plasticité et la pluralité des discours sur la ville s’expliquent en particulier par le degré de validité et de pertinence des connaissances savantes produites ou recueillies, par l’intensité des résistances locales des fidèles aux directives diocésaines et par la force ou l’inertie des modèles hérités. C’est là précisément un des intérêts de notre sujet : la ville en croissance se situe au croisement de discours, de pratiques et d’enjeux qui ne se recoupent qu’en partie et qui s’ignorent parfois mutuellement : enquêtes de sociologie religieuse, aide au logement d’urgence, recompositions territoriales (remembrement ou démembrement de paroisses), construction d’églises nouvelles, études de « planning paroissial », pastorale d’ensemble, participation à des réseaux d’aménagement du territoire local ou régional, soutien à des mouvements de luttes urbaines, élaboration d’une théologie de la ville… Un des objectifs de la thèse réside dans la mise à jour des connexions qui ont pu ou non s’établir, par des hommes, des lieux ou des livres, entre ces diverses préoccupations. Celles-ci ayant toutes en commun une prétention de peser sur l’élaboration d’une agglomération qui soit conforme aux orientations de l’Église.

Ces choix dans le traitement du sujet induisent enfin un certain mode d’écriture historienne. D’abord, le discours n’échappera pas parfois pour les nécessités de l’analyse à la forme du récit et à des exposés de type « histoire-bataille ». La majeure partie des faits positifs ont dû être établis dans le cadre de ce travail, notamment pour déterminer des éléments du contexte diocésain : chronologie et modalités de la pastorale d’ensemble, structure et fonctionnement de l’Office diocésain en charge de la construction des églises nouvelles, périodisation de certaines luttes urbaines (à Villeurbanne et Bron en particulier). Certes, l’histoire du diocèse a fait l’objet de travaux d’un apport irremplaçable32, mais la période la plus contemporaine (après 1945) est paradoxalement moins informée et plus dispersée que les précédentes. D’autre part, l’analyse que nous proposons repose sur une interdisciplinarité revendiquée. Un premier équilibre a dû être trouvé pour intégrer les apports d’une histoire urbaine à l’histoire religieuse. Mais nous ne nous sommes pas interdit également, lorsque l’analyse gagnait en clarté et en intelligibilité tout en ne cédant rien sur l’exigence de respect des sources, de recourir aux outils de la géographie urbaine, de la sociologie (urbaine, religieuse ou des organisations) ou de la théologie pastorale. L’écriture de la thèse doit également beaucoup - sans qu’il soit toujours possible de quantifier précisément cet enrichissement - à la lecture de philosophes intéressés entre autres par le thème de la ville, comme Michel Foucault, Michel de Certeau, Françoise Choay, Olivier Mongin ou Thierry Paquot.

La justification des termes du sujet

Pour laisser toute sa place à la question spatiale ici décisive, le choix a été fait de reporter au premier chapitre la justification du cadre spatio-temporel retenu. Mais ces nécessaires cadrages ne doivent pas faire l’économie au préalable d’une réflexion sur le choix des termes du sujet.

Il a été jugé préférable de retenir l’expression « les catholiques » plutôt que « l’Église », car il s’agit ici d’une histoire sociale autant que d’une histoire institutionnelle. Et ce, bien que le point de vue de l’administration diocésaine ait été largement mis à contribution. Mais comment dès lors identifier les catholiques ? La question de l’appartenance religieuse ne va pas de soi33. Elle ne prétend pas être résolue ici. Cependant, il paraît au minimum nécessaire d’expliciter notre démarche. Le cas le plus simple est certes l’attestation, lorsque des individus ou des lieux (institutions, mouvements, revues) se disent eux-mêmes catholiques ou sont considérés comme tels par les instances de l’Église. Cependant, cette seule déclaration ne saurait suffire. Supposer que seule la question de la foi peut constituer le critère d’appartenance religieuse est restrictif, car la croyance et l’éducation religieuses ne sont pas systématiquement revendiquées, mais plutôt euphémisées. Ceci est particulièrement vrai au cours de la période qui voit émerger des « recompositions du croire » à l’œuvre dans le catholicisme actuel34. Par conséquent, quand bien même la foi serait exposée publiquement comme ressort de l’action, la socialisation religieuse ici évoquée ne saurait se limiter à un système de croyances qui influerait sur des choix uniquement moraux et intellectuels. Elle s’actualise aussi dans des pratiques, qui relèvent non exclusivement mais pour partie au moins d’une culture ou d’un habitus catholique, pour reprendre un concept bourdieusien. Si l’identification de ces dispositions, suffisamment incorporées pour déterminer des pratiques sociales et un horizon d’attentes, relève d’une gageure, il semble en revanche envisageable d’utiliser des lieux ou des évènements comme indices empiriques d’une présence catholique. Bien que les regroupements qu’ils font naître ou les pratiques qu’ils suscitent ne relèvent pas des seuls catholiques, le chantier d’une nouvelle église dans un quartier neuf, la création d’un Institut de sociologie aux Facultés catholiques ou les initiatives locales d’un groupe de notables proches d’Économie et Humanisme seront retenus comme des situations qui sont à inclure dans notre champ de recherche. À usage interne ou externe, la reconnaissance qu’ils induisent peut servir de viatique a minima pour cerner les contours du monde catholique sur le terrain de la ville. Avançons même l’hypothèse constructiviste selon laquelle les représentations et les pratiques liées à la ville peuvent aider à comprendre ce que c’est qu’être catholique au cours des Trente Glorieuses. Cette question de l’appartenance religieuse n’est donc en rien réglée dès à présent. Elle court au contraire à travers toute l’étude, à la manière d’une basse continue qui est à considérer comme le pouls de l’analyse.

L’expression « croissance urbaine », préférée à « banlieue », « ville » ou « urbanisation », appelle également quelques explications. Le terme « banlieue » - outre qu’il est à prendre avec la plus grande prudence du fait de sa charge sociale, politique et symbolique très forte, en particulier en France35 - ne mettait pas au cœur de la problématique les relations centre-périphéries pourtant décisives dans l’approche catholique de la ville. Le concept d’ « urbanisation » renvoie davantage, quant à lui, à un phénomène de longue durée lié à des transformations des modes de vie des populations. Certes, ce champ n’est pas à négliger, d’autant que l’une des spécificités catholiques est, nous semble-t-il, d’interpréter précisément les transformations morphologiques et sociologiques de la ville comme un phénomène de civilisation, nommée urbanisation ou « révolution urbaine ». Cependant, les termes de « croissance urbaine » renvoient plus explicitement à la ville en train de se faire, prise dans son caractère d’événement. Or, c’est en ce sens que la ville interroge responsables pastoraux, sociologues et fidèles sur le terrain : c’est moins la ville qui pose problème que sa croissance, dans ses dimensions temporelles (un rythme sans précédent) et spatiales (une extension inattendue). Parce qu’elle est vécue par le monde catholique comme une rupture avec la ville traditionnelle - supposée sinon statique, du moins largement identique à elle-même dans ses formes et dans ses fonctions depuis le début de l’ère industrielle - la croissance urbaine est un phénomène plus pertinent pour notre étude que la ville aux contours et au contenu assez flous. La définition retenue de cette croissance urbaine est l’accroissement de la population urbaine, qui se matérialise par une densification des hommes et du bâti à l’échelle des communes, mais également par un étalement et une recomposition des espaces urbanisés à l’échelle de l’agglomération36.

La portée de l’étude

Ce travail n’est pas à comprendre comme une monographie diocésaine. Le passage de l’échelle du diocèse à celle de l’agglomération n’est pas qu’une question de focale : il considère les effets de la croissance urbaine et leur éventuelle prise en compte par l’Église comme le questionnement principal de la présente thèse.

Il est néanmoins apparu pertinent sur le plan méthodologique de garder les atouts de la monographie diocésaine : celle-ci permet en effet de tester des hypothèses de recherche, de proposer des contrepoints ou des nuances à des affirmations trop généralistes. L’« analyse localisée » qu’elle induit répond à une exigence d’ancrage territorial, seul apte à écrire une histoire incarnée37.

Dans le strict champ de la ville en croissance, ce travail ne prétend pas non plus à l’exhaustivité. L’espace a été considéré comme un outil heuristique, non comme un thème à épuiser dans sa totalité. La fondation de nouveaux lieux de culte, les découpages successifs des paroisses urbaines ou l’engagement militant contre des dysfonctionnements dans les quartiers ont été identifiés seulement comme des moments privilégiés où se joue un rapport des catholiques à la ville38. Notre travail a, de ce point de vue, essayé d’éviter deux écueils : le « spatialisme » et le « localisme ». Le premier désigne un mode de raisonnement, souvent implicite, qui fait de l’espace une chose-en-soi, doté de ses propres lois d’évolution et déterminant également l’organisation et les pratiques sociales. Le travail qui va suivre s’efforce de ne pas aborder l’espace comme un domaine à part, à la fois toujours extérieur et antécédent, et doté d’une puissance singulière39. L’autre risque est celui du « localisme », qui consiste à indexer les comportements et les identités d’acteurs aux lieux dans lesquels ils évoluent. Le chercheur a beau jeu de découvrir du territoire et de l’identité lorsque l’espace retenu pour son étude découpe précisément une zone qu’il définit implicitement comme porteuse d’une certaine unité géographique ou culturelle40. Pour éviter cette quasi-tautologie qui guette l’historien, l’analyse s’est attachée à vider le local de toute signification a priori et à ne lui donner du sens qu’en tant qu’il est pensé et traversé par des individus qui évoluent à plusieurs échelles : celles du quartier, de la paroisse, de l’agglomération lyonnaise, mais aussi du réseau urbain français dans le cadre d’une circulation des savoirs et des pratiques entre villes bien identifiable pour certaines thématiques (l’enquête de pratique religieuse de mars 1954 par exemple).

Le corpus de sources

L’ensemble du corpus se compose d’archives manuscrites, d’imprimés et de sources orales. Les archives manuscrites constituent la majorité des documents dépouillés, au premier rang desquels se situent les fonds privés. Parmi ceux-ci figurent avant tout les cartons des Archives diocésaines de Lyon. Les papiers41 du cardinal Gerlier (1937-1965) et du vicaire général Maurice Delorme ont constitué le principal support de notre étude. Leur dépouillement a été complété par celui des fonds des évêques auxiliaires Louis Boffet et Jacques Faivre (respectivement de 1970 à 1975 et de 1992 à 1997). Ces fonds rassemblent essentiellement rapports, notes, correspondances et compte-rendus de réunions. Nous n’avons pu accéder aux papiers des cardinaux Jean Villot et Alexandre Renard, archevêques de Lyon de 1965 à 1967 et de 1967 à 1981.

D’autres fonds privés (hors archives diocésaines de Lyon) ont pu être consultés. Il s’agit de fonds assez restreints (une dizaine de cartons au maximum) consultés pour certaines thématiques : les papiers Louis-Joseph Lebret et Raymond Delprat (Centre des Archives contemporaines de Fontainebleau) et les archives Jean Labasse (Institut d’Urbanisme de Lyon) pour l’existence éphémère d’un Bureau Lyonnais d’Analyse et de Conjoncture et ses principales personnalités ; le fonds Chronique sociale de France - Semaines sociales (Archives municipales de Lyon) sur la Semaine sociale de Brest de juillet 1965 consacré au problème de l’urbanisation ; les archives de l’Union Féminine Civique et Sociale (Centre des Archives du Féminisme à Angers) pour le rôle de ses antennes locales à Lyon et Bron dans le champ de l’expertise urbaine en matière de cadre de vie ; le fonds Roger Daille (Bibliothèque de la Maison lyonnaise des Oblats de Marie-Immaculée) sur la sociologie religieuse lyonnaise des années 1970 ; les papiers de Jean Latreille sur l’ouverture du centre « Mains Ouvertes » à la Part-Dieu ; le fonds des Archives diocésaines de Grenoble concernant le rattachement de l’archiprêtré de Villeurbanne au diocèse de Lyon en 1954 ; enfin les archives de la paroisse villeurbannaise de Saint-Julien-de-Cusset. Quelques investigations ont été menées dans les fonds des archives municipales de Lyon, Bron et Vaulx-en-Velin, ces deux dernières ayant été choisies comme échantillons. Aux Archives municipales de Villeurbanne, le fonds consacré aux luttes urbaines sur la commune a été entièrement dépouillé pour les besoins de l’analyse.

Des sources imprimées ont également été utilisées. En premier lieu les périodiques ayant trait à la vie du diocèse (Semaine religieuse du diocèse, ordo), mais également la Documentation catholique, Économie et Humanisme, Recherches et Débats, Études, et La Chronique sociale de France dans lesquels s’expriment des intellectuels chrétiens ou proches du monde chrétien. La presse régionale et nationale, catholique ou non, a été consultée ponctuellement. Un certain nombre d’essais, de monographies et de témoignages publiés pendant la période ont également été utilisés. Enfin, une quinzaine d’entretiens ont pu être menés avec des protagonistes de la période dans le diocèse42.

Le plan de la démonstration

Un chapitre introductif doit permettre dans un premier temps de préciser et de justifier le cadre spatio-temporel choisi pour l’étude. Il a également pour vocation de présenter les héritages de l’Archevêché de Lyon en matière de prise en compte des réalités urbaines, en particulier dans le domaine de la construction de nouvelles églises. Il va de soi, en effet, que le diocèse a déjà été confronté à l’urbanisation avant les Trente Glorieuses, et un état des lieux des savoir-faire sur la question a été jugé nécessaire pour mettre en perspective ruptures et continuités de la période. L’étude se déploie ensuite autour de trois thématiques pour lesquelles la chronologie se recoupe partiellement.

Une première partie est consacrée à la question de l’expertise catholique à l’épreuve de la croissance urbaine, entre 1945 et 1957. Ce premier moment s’organise autour de quatre chapitres qui déclinent chacun une des facettes de cette expertise. L’objectif est de déterminer dans quelle mesure les catholiques lyonnais élaborent un savoir et des savoir-faire sur la ville, et si ces connaissances et compétences sont pensées comme telles. Le chapitre 2 s’intéresse ainsi aux réponses apportées par des structures diocésaines ou para-diocésaines à la crise du logement dans l’agglomération. Le chapitre 3 est consacré à la place occupée dans le champ de l’expertise urbaine catholique par un éphémère laboratoire d’enquêtes, le Bureau lyonnais d’analyse et de conjoncture (BLAC). Créé dans la mouvance d’Économie et Humanisme, cet organisme a été à l’origine d’un réseau de personnalités qui ont joué un rôle non négligeable dans les débuts de l’aménagement du territoire dans la région lyonnaise. Le chapitre 4 porte quant à lui sur le recensement de pratique dominicale organisé en mars 1954 dans l’agglomération et sur le rattachement au diocèse de Lyon des paroisses de Villeurbanne décidé quelques mois plus tard. Ces deux événements, rigoureusement préparés et finement analysés par l’autorité diocésaine, révèlent de façon significative une prise en compte de l’enjeu urbain par le biais de la sociologie religieuse. Le chapitre 5 s’efforce enfin de comprendre la mise en place de deux organismes d’expertise urbaine à la fin des années 1950 : d’une part, une structure diocésaine entièrement consacrée à la construction de nouveaux lieux de culte dans le diocèse, l’Office diocésain des paroisses nouvelles (ODPN), créé en 1957 ; d’autre part, à la même date, un Institut de sociologie fondé à l’initiative de Jean Labbens qui reconnaît la place d’une sociologie urbaine empirique au sein des Facultés catholiques de Lyon.

La seconde partie porte spécifiquement sur cette question des « églises nouvelles », qui concentre l’essentiel de l’activité du diocèse sur la problématique de la croissance urbaine entre 1957 et 1975. Il s’agit de répondre à des questions en apparence simples portant sur les fondements et les modalités des chantiers diocésains : le chapitre 6 tente d’expliquer pourquoi le diocèse s’est lancé dans la construction de quarante et une nouvelles églises ; le chapitre 7 s’intéresse à la question de la localisation de ces nouveaux lieux de culte et met en discussion l’éventualité d’un « urbanisme religieux » à Lyon au cours de la période ; le chapitre 8 esquisse quant à lui, avec les sources disponibles, le problème des moyens financiers mis en œuvre pour payer les nouvelles constructions, en mettant plus particulièrement l’accent sur la mobilisation du clergé et des fidèles qui en a résulté. Le chapitre 9 propose une étude de cas locale qui récapitule et met à l’épreuve les analyses de cette deuxième partie. Du fait d’une documentation de grande qualité qui permet de territorialiser l’ensemble des enjeux retenus, la paroisse villeurbannaise de Saint-Julien-de-Cusset (à l’est de l’agglomération) sera en effet considérée comme un observatoire des discours et des pratiques à l’œuvre à l’occasion de la construction d’une nouvelle église.

Enfin, une troisième partie est consacrée à la question d’une « gouvernance urbaine » par les catholiques du diocèse entre 1960 et 1975, c’est-à-dire à l’émergence de pratiques et de discours témoignant d’une volonté d’agir sur la ville de façon globale, sans prendre pour autant la forme d’un contrôle ou d’une emprise qui sont alors remis en cause à la fois dans l’Église et dans le nouveau contexte urbain. Le chapitre 10 porte sur la façon dont la réflexion catholique sur la ville participe au cours des années 1960 à un renouvellement des interrogations sur l’urbain dans les sciences sociales. Dans le diocèse de Lyon, s’ensuivent des essais - non sans résistances - de mise en place d’une « pastorale d’ensemble » qui redéfinit en particulier la place de la ville. Le chapitre 11 envisage la participation des catholiques à la définition d’un espace politique de gouvernance urbaine. Cette question est traitée au travers de deux exemples : d’une part, par l’étude du rôle des sections locales de l’Union féminine civique et sociale (UFCS), issue du catholicisme social, dans la prise de décision dans l’aménagement urbain local ; d’autre part, sous l’angle des « luttes urbaines » - auxquelles participent des catholiques - qui secouent certaines communes de l’agglomération dans les années 1970 lors de conflits d’usages portant sur des espaces en voie d’urbanisation. Au cœur de ces problématiques figure le rôle qu’entendent jouer les classes moyennes dans la construction de la ville. Le chapitre 12 revient sur les tentatives avortées pour mettre en place dans la première moitié des années 1970 une pastorale urbaine qui ait l’agglomération pour cadre et pour objet. Ces initiatives prennent place dans un contexte de net ralentissement des chantiers d’églises nouvelles et de réorganisation des territoires diocésains dans l’Église de France. Elles s’insèrent également dans le cadre d’une attention accrue des pouvoirs publics aux difficultés des grands ensembles.

Notes
1.

Parmi les travaux récents les plus remarquables sur cet angle d’approche, voir : Matthieu Bréjon de la Vergnée, La Société de Saint-Vincent-de-Paul au XIX ème siècle. Un fleuron du catholicisme social, Paris, Cerf, 2008 (tiré de sa thèse soutenue en 2006) ; Paul Chopelin, Ville patriote et ville martyre. Une histoire religieuse de Lyon pendant la Révolution (1788-1805), thèse de doctorat dirigée par Bernard Hours et soutenue en 2006 à l’Université Jean Moulin - Lyon 3, 2 vol.

2.

Pour les enjeux que représente ce changement de paradigme, voir en particulier : Bernard Lepetit, Les villes dans la France moderne (1740-1840), Paris, Albin Michel, 1988, avant-propos, p. 13-18.

3.

Bruno Dumons, « Villes et ouvriers. Des territoires pour l’histoire sociale et religieuse de la France contemporaine », Revue d’Histoire de l’Église de France, 87, 2001, p. 111-131, citation p. 112.

4.

Claude Langlois, « Les champs délaissés », dans « Un siècle d'histoire du christianisme en France. Bilan historiographique et perspectives », actes du colloque organisé par la Société d'histoire religieuse de la France, l'École nationale des Chartes et le Centre de recherches historiques sur les sociétés et les cultures de l'Ouest européen (Rennes 2), Rennes, 15-17 septembre 1999, publiés dans Revue d’Histoire de l’Église de France, 86, juillet-décembre 2000, p. 757-769 ; « Le catholicisme à la rencontre de la ville. Entre après-guerre et Concile », dans Urbanité et liens religieux, numéro spécial des Annales de la recherche urbaine, 96, octobre 2004, p.17-23.

5.

Claude Langlois, « Le catholicisme à la rencontre de la ville… », op. cit., p. 23.

6.

Gérard Cholvy, « Sociologie religieuse et histoire : des enquêtes sociographiques aux essais de sociologie religieuse », Revue d’Histoire de l’Église de France, 1969, p. 5-28 ; « Réflexions sur l’apport de la sociologie à l’histoire religieuse », Cahiers d’Histoire, XV, 2, 1970, p. 97-111.

7.

Jacques-Olivier Boudon, Paris capitale religieuse sous le Second Empire, Paris, Cerf, 2001, p. 11.

8.

Pierre Lassave et Anne Querrien, « Urbanité et liens religieux. Introduction », dans Urbanité et liens religieux… , op. cit., 3-5, citation p. 4.

9.

Thierry Paquot, « Théologie chrétienne et urbanisation », dans Urbanité et liens religieux… , op. cit., p. 7-16.

10.

Michel Lagrée, Religion et modernité, France XIX ème -XX ème siècles, études réunies par Étienne Fouilloux et Jacqueline Sainclivier et présentées par Claude Langlois, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, chapitre 2 : « Histoire religieuse, histoire culturelle ».

11.

Encouragés en cela notamment par des spécialistes d’histoire urbaine : voir par exemple Jean-Luc Pinol, « L'histoire urbaine contemporaine en France », dans Jean-Louis Biget et Jean-Claude Hervé (dir.), Panoramas. Situation de l'histoire des villes, ENS Éditions Fontenay-Saint-Cloud, 1995, p. 209-232, en particulier p. 230.

12.

Bruno Dumons, « Villes et ouvriers… », op. cit. ; « Villes et christianisme dans la France contemporaine. Historiographies et débats », Histoire urbaine, 13, 2005, p. 155-166 ; à compléter par Catherine Maurer, « Espaces sacrés, espaces territoriaux du sacré : l'espace du fait religieux contemporain dans les historiographies française et allemande depuis la fin des années 1980 », dans Jean-Claude Waquet, Odile Goerg et Rebecca Rogers (dir.), Les espaces de l'historien, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2000, p. 125-144.

13.

Jacques-Olivier Boudon, Paris capitale religieuse…, op. cit.

14.

Miriam Simon, « La construction de lieux de culte sur les anciens bastions de Paris dans l’entre-deux-guerres », Revue d’Histoire de l’Église de France, 90, juillet-décembre 2004, pp. 453-479 ; Jacques-Olivier Boudon, « Les nouvelles paroisses parisiennes au lendemain de la Séparation », Revue d’Histoire de l’Église de France, 91, janvier-juin 2005, p. 341-352.

15.

Michel Brisacier, « L’implantation des lieux de culte dans le diocèse de Paris (1871-1980) », Cahiers de l’IHTP, 12, 1989, p 73-89.

16.

Antoine Le Bas, Des sanctuaires hors les murs. Églises de la proche banlieue parisienne, 1801-1965, coll. « Cahiers du Patrimoine », 61, 2002, en particulier p. 185-217.

17.

Marcel Launay, « De la Mission paroissiale à la mission générale : une étape dans l’histoire de la pastorale contemporaine », dans Enquêtes et documents, Centre de recherches sur l’histoire du monde atlantique, tome XIV, 1988, p. 83-105.

18.

Franck Debié et Pierre Vérot, Urbanisme et art sacré, une aventure du XX ème siècle, Paris, Criterion, 1991.

19.

Yvon Tranvouez, « Les catholiques et le devenir des lieux de culte en France, 1945-2005 », dans Lucie K. Morisset, Luc Noppen, Thomas Coomans (dir.), Quel avenir pour quelles églises ?/ What future for which churches ?, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2006 (actes du colloque de Montréal, octobre 2005), p. 239-256.

20.

Georges Henry Laffont, L’adaptation du service de l’Église catholique à la recomposition du territoire de l’agglomération stéphanoise, thèse de géographie soutenue sous la direction de Marc Bonneville, Université Lumière-Lyon 2, 2005.

21.

Colette Muller et Jean-René Bertrand, Où sont passés les catholiques ? Une géographie des catholiques en France, Paris, Desclée de Brouwer, 2002. Voir également : Paul Mercator (nom collectif), La fin des paroisses ? Recompositions des communautés, aménagement des espaces, Paris, Desclée de Brouwer, 1997 ; Colette Muller et Jean-René Bertrand(dir.), Religions et territoires, Paris, L’Harmattan, 1999.

22.

Outre les revues déjà citées : Ville et religion, numéro spécial d’Urbanisme, 291, novembre-décembre 1996 ; Philippe Boutry et André Encrevé (dir.), La religion dans la ville, Institut Jean-Baptiste Say, Université Paris XII - Val de Marne, Bordeaux, Éditions Bière, 2003. Plusieurs actes de colloques sont en cours de publication : « Ville et religion dans l’Europe moderne et contemporaine », colloque international organisé par les équipes « Religions, sociétés et acculturation » et « Ville et société » du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), Université Jean Moulin - Lyon 3, 7-8 décembre 2006 ; « Dieu change en ville : religion, espace et immigration », colloque de l’Association française de sociologie religieuse organisé par Lucine Endelstein, Sébastien Fath et Séverine Mathieu, Amphithéâtre de l’EHESS (Paris), 2-3 février 2009.

23.

Pierre Lebrun, Le complexe du monument : les lieux du culte catholique en France durant les Trente Glorieuses, thèse d’histoire de l’art soutenue à l’Université Lumière-Lyon 2 sous la direction de François Loyer, 2001 ; Céline Frémaux, Construire des églises en France dans la seconde moitié du XX ème siècle. De la commande à la réalisation. Nord-Pas-de-Calais (1945-2000), thèse d’histoire de l’art sous la direction de Jean-Yves Andrieux, Université de Rennes 2, 2005.

24.

Commission sociale des évêques de France, Église et société face à l’aménagement du territoire, Paris, Centurion-Cerf, 1998 ; Mgr Brunin, L’Église des banlieues. L’urbanité : quel défi pour le christianisme ?, Paris, Éditions de l’Atelier, 1998 ; Mgr Herbulot, L’Espérance au risque d’un diocèse [Évry-Corbeil], Paris, Desclée de Brouwer, 2003 ; Pierre-Marie Delfieux, Moine au cœur de la ville, Paris, Bayard, 2003.

25.

Pour une réflexion globale et stimulante sur le rapport contemporain au territoire, voir L’architecture et l’esprit de l’urbanisme européen, numéro spécial d’Esprit, octobre 2005.

26.

Présentation synthétique et suggestive dans Philippe Estèbe, L’Usage des quartiers. Action publique et géographie dans la politique de la ville (1982-1999), Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques spatiales », 2004, p. 22 et suivantes.

27.

Thierry Oblet, Gouverner la ville, Les voies urbaines de la démocratie moderne, Paris, PUF, coll. « Le lien social », 2005.

28.

« La banlieue au crible de l’Histoire : entretien avec Annie Fourcaut et Danièle Voldman », dans Gérard Baudin et Philippe Genestier (dir.), Banlieues à problèmes. La construction d’un problème social et d’un thème d’action publique, Paris, La Documentation française, 2002, p. 17-30.

29.

Gérard Baudin et Philippe Genestier (dir.), Banlieues à problèmes…, op. cit. ; Sylvie Tissot, L’État et les quartiers. Genèse d’une catégorie de l’action publique, coll. « Liber », Paris, Seuil, 2007.

30.

Annie Fourcaut, « De la classe au territoire et du social à l'urbain », Le Mouvement social, 200, juillet-septembre 2002, p 170-176.

31.

Pour reprendre le sous-titre du contrat de recherche « Christiana » (auquel nous participons) financé par la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société (MESH) et coordonné par Maryvonne Prévot (TVES-Lille 1) : « De l’urbanisme au développement : des militants d’origine chrétienne dans la fabrique de la ville des années soixante à nos jours (France/Belgique) ».

32.

Jacques Gadille, Le diocèse de Lyon. Histoire des diocèses de France, 16, Paris, 1983 ; Christian Ponson, Les catholiques lyonnais et la Chronique sociale, 1892-1914, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1979 ; Jean Comby, L’Évangile au Confluent, Lyon, Éditions du Chalet, 1977 (texte repris et illustré dans Jean Comby et Bernard Berthod, Histoire de l’Église de Lyon, Châtillon sur Chalaronne, Éditions de La Taillanderie, 2007).

33.

Voir sur ce point les utiles précautions méthodologiques de Johanna Siméant pour identifier et analyser la prégnance d’une socialisation catholique, bien que dans un tout autre champ : Johanna Siméant, « Socialisation catholique et biens de salut dans quatre ONG humanitaires françaises », Le Mouvement social, 227, 2009/2, p. 101-122.

34.

Pour une vision d’ensemble de ces recompositions et de leur approche en sociologie des religions en France, voir : Danièle Hervieu-Léger, « La sociologie des religions en France. De la sociologie de la sécularisation à la sociologie de la modernité religieuse », dans Jean-Michel Berthelot (dir.), La sociologie française contemporaine, coll. « Quadrige », Paris, PUF, 2003, p. 241-250 ; Jean-Paul Willaime, Sociologie des religions, Paris, PUF, 1995.

35.

Voir par exemple Michel Grésillon, « Banlieue », dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, p. 102-104.

36.

Cette définition s’inspire pour partie de celle donnée par Pierre Merlin (La croissance urbaine, Paris, PUF, 1994, p.7). Les modalités propres à l’agglomération lyonnaise au cours de la période seront analysées dans le chapitre 1.

37.

Christian Sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », dans L’histoire religieuse en France et en Espagne, actes du colloque international de la Casa de Velázquez des 2-5 avril 2001, réunis et présentés par Benoît Pellistrandi, collection de la Casa de Velázquez, Madrid, vol n° 87, 2004, p. 225-247.

38.

Sur l’espace comme voie d'accès et outil heuristique pour l’historien, voir en particulier la réflexion stimulante d’Isabelle Laboulais-Lesage, « Les historiens français et les formes spatiales », dans Jean-Claude Waquet, Odile Goerg et Rebecca Rogers (dir.), Les espaces de l'historien…, op.cit., p. 33-47.

39.

Michel Lussault, article « Spatialisme », dans Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie…, op. cit., p. 864-866.

40.

« La banlieue au crible de l’Histoire… », op. cit.

41.

Mis à la disposition des chercheurs suite à la constitution en 1989, à la demande de Mgr Decourtray, d’une Commission d’historiens présidée par René Rémond pour faire la lumière sur les rapports entre Paul Touvier et l’Église.

42.

La liste précise de l’ensemble de ces sources figure dans la partie « Sources ».