Évoquant le cas de l’Église catholique confrontée au défi de l’urbanisation à Paris et dans la région parisienne, Jean-Marie Mayeur avait souligné dès 1990 que le souci d’implantation des lieux de culte dans l’espace de la ville a été réel au cours des XIXème et XXème siècles, alors même qu’ « une idée reçue conduit volontiers à dresser un diagnostic de carence ». Le programme de recherche qu’il proposait appelait à discerner précisément les étapes de cette implantation, à mettre en lumière le rôle des responsables religieux et laïcs, à étudier leurs représentations en matière d’espace urbain et à établir la nature des liens qui unissent politique d’équipement paroissial et pastorale77. Cette « autre histoire », à faire, doit tenir compte des héritages que l’historiographie a déjà pu établir. C’est l’objet de ce second volet.
En effet, si le territoire du diocèse de Lyon est fortement marqué par l’urbanisation depuis le XIXème siècle en particulier, est-il sûr que la ville en tant que telle ait fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités ecclésiastiques ? La façon dont les responsables diocésains ont pensé et aménagé cet espace, en particulier en termes d’équipement en lieux de culte ou de structuration du territoire, peut fournir des éléments de réponse. L’analyse qui suit se propose de suivre ce fil selon deux perspectives : d’une part en reconstituant l’héritage de ces pratiques et de ces discours depuis le début du XIXème siècle, afin de saisir la place de la ville sur le temps long ; d’autre part, en étudiant ce qu’il en est de la thématique urbaine au tournant des années 1940 et 1950, pour déterminer les degrés de continuité et de rupture avec les périodes précédentes.
Jean-Marie Mayeur, « Des chapelles de secours à la cathédrale d’Évry », dans Paris et ses religions au XX ème siècle, Cahiers d’anthropologie religieuse, 2, Actes du colloque du 6 novembre 1990 publiés sous la direction de Michel Meslin, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 1993, p. 15-21, citation p. 21.