1. Un bilan des constructions d’églises à Lyon et dans la proche banlieue lyonnaise depuis 1802.

Paul Chopelin a établi dans sa thèse récente que le Concordat renoue à Lyon avec les objectifs de la Constitution civile du clergé, à savoir une rationalisation de l’espace paroissial pour un gain d’efficacité religieuse et administrative. Aidée de façon paradoxale par les démolitions de lieux de culte, la vente d’églises ou de chapelles comme biens nationaux ou par des nécessités d’ordre urbanistique, cette « remise en ordre »peut se décliner selon quelques principes : création de succursales pour les paroisses les plus grandes, recherche d’une meilleure répartition de la charité par la prise en compte d’équilibres démographiques mais aussi sociaux dans la délimitation des paroisses, émergence d’une concertation qui associe l’Archevêché, les fidèles et les autorités civiles. L’accessibilité du lieu de culte est une autre préoccupation majeure : celui-ci doit être placé autant que possible au centre de la nouvelle circonscription. En dernière analyse, souligne Paul Chopelin, cette réorganisation de l’espace urbain par l’Église catholique s’appuie sur un certain pragmatisme, « en apportant suffisamment de souplesse à la loi pour tenir compte des réalités locales »⁷⁸.

Ce modèle a-t-il perduré au XIXème siècle ? Pierre-Yves Saunier a proposé dans un remarquable article une étude des rapports entre l’Église catholique et l’urbanisation pour la période 1805-1914⁷⁹. Ce travail présente un double intérêt pour notre étude. Il établit tout d’abord une périodisation et un bilan chiffré des créations de nouvelles paroisses, qui seront complétés par d’autres travaux pour la période de l’entre-deux-guerres. Il propose également une interprétation de cette adaptation de l’Église de Lyon à l’espace de la grande ville qu’il s’agit d’interroger pour la période qui nous occupe.