2. L’assistance aux « mal logés » pendant la crise des années 1930 : le Centre d’orientation et d’aide sociale (COAS)

Quelques rares documents conservés à l’Archevêché de Lyon permettent d’esquisser les contours de ce Centre d’orientation et d’aide sociale (COAS) créé en février 1935. Bien que ne se réclamant d’aucune appartenance politique ou confessionnelle, il se présente cependant comme une « œuvre qui manquait à Lyon » lors de sa première assemblée générale en janvier 1937152. Localisé au cœur de l’agglomération, au 26 de la rue Victor-Hugo sur la presqu’île, le COAS travaille en lien avec la Direction des Œuvres du diocèse, mais également avec l’Armée du Salut protestante, l’Asile de nuit municipal, et l’Office central d’aide et renseignements pour les œuvres de la région lyonnaise. Il succède à une « Permanence d’aide sociale » née en 1933. Le logement constitue l’un de ses principaux domaines d’action. La section « logement » est particulièrement dynamique : entre octobre 1935 et décembre 1936 par exemple, elle est intervenue deux fois auprès du Bureau d’Hygiène, six fois pour des demandes d’HBM, dix-neuf fois pour aider à la recherche d’une appartement salubre153. À plus de soixante reprises, elle a orienté des « sans-gîte » vers des asiles de nuit et a aidé une dizaine de foyers indigents à payer leur loyer en sollicitant des aides extérieures ou en négociant des délais auprès des propriétaires. Le COAS mène un véritable travail d’expertise empirique en procédant à des enquêtes, comme celle que l’association appelle « nuit des miséreux » : des visites à l’Asile municipal de nuit, à l’Abri de la Xavière154 et à l’Hostellerie de l’Armée du Salut ont permis par exemple d’établir que seulement 10 % des lits (trente sur trois cents) étaient destinés aux femmes. Dans les forts désaffectés de Vaise et de Saint-Just où les sans-logis ont été acceptés faute de place ailleurs, les membres du Centre font le constat de conditions de vie « matérielle et morale » particulièrement difficiles. Le Centre signale également les « taudis » auprès des services d’Hygiène. À plusieurs reprises, le COAS a obtenu l’interdiction de louer des habitations insalubres, notamment dans le quartier Saint-Georges sur la rive droite de la Saône. Enfin, il condamne la solution des meublés, « défavorable à l’esprit de famille et à l’esprit d’économie »155.

Ces actions sont à rapprocher des enquêtes annuelles effectuées par la Ligue ouvrière chrétienne (LOC) avant-guerre, notamment celle de 1939 portant sur le logement des familles ouvrières156. Après la guerre, plusieurs initiatives privées ou encadrées par le diocèse relaient ces engagements.

Notes
152.

Archives de l’Archevêché de Lyon (désormais AAL), fonds Gerlier, 11.II.182.

153.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.182, compte-rendu de la première assemblée générale du COAS du 7 janvier 1937.

154.

L’Œuvre de la Xavière est l’une des plus actives du diocèse au milieu des années 1930, avec de nombreux domaines d’apostolat : jardins ouvriers, « Abris pour la nuit », Union sociale et familiale, Foyer du Sacré-Cœur, Œuvre des baptêmes (« Exposition catholique de Lyon », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 17 avril 1936).

155.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.182, compte-rendu de la première assemblée générale du COAS du 7 janvier 1937.

156.

Bruno Duriez, « Loger les familles ouvrières… », op. cit., p. 42.