1. Le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris

L’association fondée par Gabriel Rosset (1904-1974) a fait l’objet de quelques travaux universitaires précieux157. Il n’est pas question ici, vu l’abondance des sources, d’écrire l’histoire, même partiellement, de cet organisme qui a traversé le second vingtième siècle158.

À ses origines figurent des amis professeurs qui se réunissent dans un groupe de prière, Lumen Gentium : Gabriel Rosset, Georges Belleville, Henri Tournissou. Ils sont membres du groupe de charité de la Paroisse universitaire, confrères de Saint-Vincent-de-Paul et fréquentent la Chronique sociale. Frappé par la croissance du nombre de mal-logés que provoquent alors les difficultés de la Reconstruction, Gabriel Rosset crée l’association « Le Foyer des Sans-Abris » déclarée à la Préfecture du Rhône le 31 mai 1950, qui deviendra « Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris » en 1951. L’association est administrée par un Comité directeur de six à quinze membres, dont trois sont désignés par le Bureau du Conseil central de la Société Saint-Vincent-de-Paul de Lyon. La veille de Noël 1950 est ouvert un asile de nuit au 3 rue Dumoulin (devenue rue du Père-Chevrier) dans le 7ème arrondissement de Lyon, au sud du quartier de la Guillotière et à quelques pas du Prado. Le 13 mars 1954, l’asile reçoit la visite de l’abbé Pierre. Se crée alors le « Comité Abbé Pierre de secours d’urgence aux sans-abris », dont Gabriel Rosset est le vice-président. Deux foyers sans abri pour femmes sont fondés en 1954 également : une usine désaffectée devient le « Foyer Notre-Dame-de-Vie » au 79, rue Eugène-Pons, sur les pentes de la Croix-Rousse, à proximité de l’église paroissiale Saint-Eucher ; le second, « la Sainte-Famille », est installé sur les bords de Saône à Caluire au 1 Montée des Forts. En outre, trente logements sont aménagés au 197 chemin de Fontanières. Cette « cité du Bocage », grâce notamment à l’entremise du député du Rhône Jarrosson membre de l’association, perçoit vingt-quatre millions de francs de subventions du Conseil municipal de Lyon et du Conseil général du Rhône, présidé alors par Laurent Bonnevay. Évelyne Boyer souligne à de nombreuses reprises l’appui qu’a reçu l’association de la part des pouvoirs publics159.

Notes
157.

André Latreille, « Une réalisation moderne de la charité lyonnaise : le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris », dans Lyon et Europe. Hommes et sociétés. Mélanges offerts à Robert Gascon, Lyon, PUL, 1980, t. 2, p. 33-42 ; Catherine Pellissier et Bruno Dumons, « La congrégation des Messieurs et la Société Saint-Vincent-de-Paul à Lyon sous la Troisième République », Revue d’Histoire de l’Église de France, 200, janvier-juin 1992, p. 35-56 ; Evelyne Boyer, Gabriel Rosset et le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris, l’abbé Pierre lyonnais, mémoire de maîtrise sous la direction d’Étienne Fouilloux, Université Lyon 2, 1994. Egalement quelques informations utiles dans Bruno Dumons, « Charité bourgeoise et action sociale… », op. cit., p. 149.

158.

Le Foyer pourrait fournir largement à lui seul la matière pour un travail de doctorat. Parmi ces sources, citons notamment : les Carnets et les œuvres publiées de Gabriel Rosset, les rapports annuels de l’association, le dossier « Notre-Dame-des-Sans-Abris, 1950-1965) » conservé aux Archives de l’Archevêché de Lyon, les revues L’Arche et L’Arche sous l’arc-en-ciel, sans compter ce qu’en a dit la presse locale et régionale. Les lignes qui suivent s’inspireront par conséquent des études citées en bibliographie. Il faut préciser en outre que seule la première période de l’association (1950-1954) rentre dans le cadre de ce chapitre.

159.

Évelyne Boyer, Gabriel Rosset et le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abris…, op. cit., p. 39-77, 132 et annexe 4 intitulée « Constructions du Foyer Notre Dame des Sans Abri 1954-1974 » p. 210-214.