III. Le recensement religieux : principaux résultats et portée de l’enquête

La masse considérable d’informations recueillie le 21 mars 1954 fait l’objet d’un traitement statistique et cartographique à l’Institut de sociologie. Ce travail aboutit à la publication, entre 1955 et 1957 - à raison d’un par an - de trois fascicules de résultats regroupés par thèmes569. Quelques chiffres sur le recensement donnent la mesure de la quantité de données sur laquelle le secrétariat général a travaillé. L’enquête a concerné 356 lieux de culte dans l’agglomération lyonnaise, qui correspondent à 104 lieux paroissiaux et 252 chapelles (ou lieux extra-paroissiaux)570. Les lieux de culte paroissiaux se subdivisent en quatre-vingt-sept églises définitivement achevées ou provisoires qui constituent le centre religieux des paroisses, et dix-sept annexes. Au cours des 805 messes du dimanche 21 mars ont été distribués au total 136 640 bulletins, ce qui représente 135 622 pratiquants571.

Sur la problématique de la ville, le recensement de pratique dominicale fournit des éléments essentiels572. Il fait principalement apparaître deux séries de résultats : d’une part, l’existence et la prégnance de facteurs territoriaux déterminants pour comprendre les contrastes de pratique dans la population urbaine ; d’autre part, une forte mobilité des « messalisants » dans l’agglomération, mais sans que soit remis en cause le poids des configurations spatiales.

Notes
569.

Jean Labbens, La pratique dominicale dans l'agglomération lyonnaise. I. L’équipement religieux, Institut de sociologie, 1955 ; Jean Labbens, La pratique dominicale dans l'agglomération lyonnaise. II. Paroisses et chapelles, Institut de sociologie, 1956 ; Jean Labbens et Roger Daille, La pratique dominicale dans l'agglomération lyonnaise. III. L'Instruction, la Ville et les Pratiquants, Institut de sociologie, 1957.

570.

Ces chapelles se déclinant ainsi : soixante-dix-huit chapelles de communautés religieuses dont trente masculines et quarante-huit féminines ; cinquante-neuf chapelles d’établissements d’enseignement ; cinquante-trois chapelles de maisons d’accueil ; trente-six chapelles d’hôpitaux ; vingt-six chapelles diverses (Jean Labbens, La pratique dominicale…, op. cit. (fascicule I), p. 14-15.)

571.

Après soustraction des bulletins remplis par une même personne ayant assisté à plusieurs messes. Jean Labbens, La pratique dominicale…, op. cit. (fascicule II),p. 3.

572.

Hormis l’étude qui va suivre, on peut signaler un autre résultat publié par le secrétariat général qui tend à confirmer que c’est la ville qui est au cœur des préoccupations des enquêteurs, et non seulement des paroisses ou des quartiers que l’on étudierait en soi. L’enquête du 21 mars fait apparaître que si « c’est à 7 heures qu’il se célèbre le plus grand nombre de messes, le record des messes célébrées dans les lieux de culte paroissiaux se situe à 10 heures » dans l’agglomération lyonnaise. Or, pour l’équipe de Jean Labbens, ce phénomène n’est pas le fruit du hasard. Il renvoie à un trait de civilisation rurale qui perdurerait dans le rythme des urbains. « Cette messe du milieu de la matinée est, en effet, typique de la civilisation villageoise ; elle permet de rassembler les paroissiens à une heure assez tardive pour que les paysans aient pu vaquer aux soins des animaux et à ceux d’une toilette personnelle, souvent hebdomadaire ; assez matinale cependant pour que la communauté rurale puisse s’exprimer, non seulement dans la célébration liturgique, mais encore dans les discussions et les jeux qui s’instaurent sur la grand’place ou aux tables des cafés, et pour que chacun puisse regagner avant midi sa demeure. Centre de la vie religieuse et civile de nos communautés rurales, la messe de dix heures est restée le point fixe autour duquel l’ensemble des paroisses de Lyon répartissent l’horaire de leurs messes » (Jean Labbens, La pratique dominicale…, op. cit. (fascicule I), p. 26). L’analyse proposée par les enquêteurs mobilise donc bien la dichotomie rural/urbain. Ce couple apparaît comme pertinent pour décrire le plébiscite des croyants pour un horaire particulier.