Au milieu de la décennie 1950, sont créés à Lyon à quelques années d’intervalle deux organismes qui prennent la ville en croissance comme intuition fondatrice. Tous deux seront envisagés comme des lieux d’expertise catholique, bien que leurs objectifs diffèrent assez nettement l’un de l’autre.
Chronologiquement, le premier est l’Institut de sociologie que fonde Jean Labbens en 1955 au sein des Facultés Catholiques. La création de cet organisme fait suite à l’enquête de pratique dominicale organisée dans l’agglomération lyonnaise en mars 1954. Il perdure jusque dans les années 1980, incarné après le départ de Jean Labbens par le sociologue Roger Daille (OMI). L’objet de ce chapitre n’est pas de traiter de l’ensemble de la période, mais de centrer l’effort d’analyse sur les origines de cet Institut, dont l’ambition scientifique est de se concentrer « plus spécialement, mais non exclusivement sur la sociologie religieuse urbaine »648.
Le second organisme est la structure diocésaine spécialement vouée à l’étude et à la construction d’églises nouvelles dans le diocèse, et en particulier dans l’agglomération lyonnaise : l’Office diocésain des paroisses nouvelles (ODPN), créé en 1957. Pour l’essentiel, l’organisation interne qui sera décrite reste valable pour l’ensemble de la décennie 1960 et jusqu’au départ de son directeur Mgr Mazioux en 1975, c’est-à-dire la période de l’apogée des chantiers d’églises nouvelles. Certes, l’ODPN voit sa mission changer en 1971. Il devient le Comité diocésain d’étude et de recherche pour l’implantation des équipements religieux (CDERIER)649. De plus, une Commission des biens immobiliers (CBI) se met en place l’année suivante sous la direction de Mgr Maurice Delorme650. Ces créations répondent à de nouvelles logiques territoriales et pastorales qui seront étudiées en troisième partie. Mais ces mutations n’affectent pas immédiatement le fonctionnement de l’Office diocésain ni la composition de ses différents services. Les membres de l’équipe permanente (la bien nommée !) restent ainsi en place jusqu’au début des années 1970 : Mgr Mazioux se retire en 1975, et la présence de ses principaux collaborateurs, H. Jaillard et P. Godinot, nommés dès son arrivée à l’Office diocésain, est prouvée jusqu’en 1971. Le nom même d’« Office diocésain » est attesté jusqu’en 1975651.
Dans ce chapitre, il sera très souvent question de sociologie des organisations. Ce parti pris ne signifie pas que la problématique générale de ce travail soit oubliée. Au contraire, le détour par une analyse un peu fine du fonctionnement interne des organismes d’études et d’expertise a semblé nécessaire pour comprendre dans quelles circonstances et autour de quels enjeux a émergé la question urbaine au sein des institutions catholiques lyonnaises.
Annuaire et Livret de l’Étudiant, Facultés catholiques de Lyon, 1955-1956, p. 47. Cette orientation est confirmée par l’annuaire de l’année universitaire 1957-1958, en page 51 : « Dans le domaine de la recherche,l’Institut s’est particulièrement orienté vers l’étude du comportement religieux et politique des grandes villes ; quelques travaux ont cependant été réalisés sur le comportement religieux et politique des zones rurales ».
AAL, fonds Maurice Delorme (désormais fonds « Delorme »), I.1542, lettre de Mgr Joannès Mazioux à Henri Arto, curé des Minguettes à Vénissieux, 1er septembre 1971.
AAL, fonds Delorme, I.1542, procès-verbal de la réunion de la CBI du 17 mai 1972. Elle est instituée officiellement par le cardinal Renard le 24 mai 1975 (Église de Lyon, 1975, p. 676).
AAL, fonds Delorme, I. 1542, procès-verbal de la réunion de la Commission diocésaine des biens immobiliers du 30 juin 1975.