Au milieu des années 1950, la paroisse Sainte-Marie-de-la-Guillotière est selon toute vraisemblance la première qui ait attiré l’attention de l’Archevêché sur la question de la croissance urbaine.
Par l’ordonnance du 24 mai 1952, le cardinal Gerlier avait fondé cette nouvelle paroisse sur la rive gauche du Rhône, dans la partie orientale du quartier de la Guillotière, afin de soulager le clergé de la paroisse Notre-Dame-Saint-Louis débordé par sa tâche. Le curé de Longes (Rhône), l’abbé Robert de Pazanan, est désigné comme curé-bâtisseur742.
Le nouveau curé et l’association paroissiale qui se constitue autour de lui éprouvent les plus grandes difficultés à trouver un terrain disponible pour construire une église. De novembre 1952 au 20 décembre 1959, date d’inauguration de l’église érigée sur le boulevard des Tchécoslovaques (7ème arrondissement), les fidèles du quartier doivent se contenter de la chapelle provisoire que les Petites Sœurs de l’Assomption ont fait construire rue Nicolaï et qu’elles louent à l’Association paroissiale743. Certes, les prospections se sont déroulées de façon autonome, et la construction a été exclusivement financée par la générosité des paroissiens et de bienfaiteurs, sans recourir aux fonds de l’Archevêché744.
Il n’est cependant pas douteux que l’autorité diocésaine, devant les difficultés du curé-bâtisseur à trouver un terrain et à réunir les capitaux nécessaires, ait pris la mesure des tâches redoutables qui attendait le diocèse dans les années à venir pour ériger de nouveaux lieux de culte. L’épisode de Sainte-Marie-de-la-Guillotière explique sans doute en partie la décision du cardinal Gerlier de souscrire à un emprunt de 100 millions de francs en février 1957 pour l’acquisition de terrains dans des espaces en voie d’urbanisation accélérée. Il est réalisé par l’Association diocésaine avec le concours des banques locales du Rhône et de la Loire, sous la forme d’obligations de 10 000 francs à 5 %. Dans son appel à la générosité des fidèles du diocèse pour couvrir cet emprunt, l’archevêque évoque la nécessité de « créer, d’ici deux à trois ans, de vingt-cinq à trente nouvelles paroisses au moins, et une vingtaine de centres annexés à des paroisses déjà existantes »745. Cette souscription est un large succès puisqu’il a été couvert en quelques jours seulement, « grâce à la générosité des fidèles et à la diligence bienveillante et désintéressée des banques »746. Dans la mémoire du diocèse, c’est l’ODPN qui est à l’origine de ce premier emprunt, alors qu’il est lancé avant la création de l’Office diocésain quelques mois plus tard en octobre 1957747. Il semble par conséquent que la décision de mettre en place un service diocésain spécialement attaché à la construction de nouvelles églises soit directement lié au lancement d’emprunts pour assurer les achats de terrains dans les agglomérations lyonnaise et stéphanoise.
« Ordonnance de Son Éminence érigeant la paroisse Sainte-Marie-de-la-Guillotière dans l'archiprêtré Notre-Dame-Saint-Louis à Lyon », Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 24 mai 1952.
Sainte-Marie-de-la-Guillotière, plaquette de présentation réalisée par l’Association paroissiale de Sainte-Marie-de-la-Guillotière, Lyon, 1964, 25 p (sans pagination).
Lettre de l’abbé de Pazanan, 30 juin 1972.
« Lettre de Son Éminence Gerlier aux prêtres et aux fidèles de son diocèse au sujet de l'emprunt pour les paroisses nouvelles », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 17 février 1957.
« Lettre à mes diocésains au sujet de la construction et de l'équipement de nos nouvelles paroisses », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 27 octobre 1957. Ce premier emprunt ne suffisant plus pour faire face à l’acquisition de terrains, l’Association diocésaine en réalise un second, de 200 millions de francs cette fois, en avril 1959. La souscription se déroule du 5 avril au 15 juillet 1959 et elle est couverte à hauteur de 190 millions de francs. Voir : « ODPN », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 27 mars 1959 ; « Emprunt diocésain pour les paroisses nouvelles », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 3 avril 1959 ; « Deuxième emprunt diocésain pour les paroisses nouvelles. Appel aux habitants du diocèse de Lyon », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 10 avril 1959 ; « Pour les paroisses nouvelles : notre emprunt diocésain », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 8 mai 1959 ; « À l'occasion de la clôture de l'emprunt diocésain pour les paroisses nouvelles », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 3 juillet 1959.
Mgr Mazioux place cet emprunt parmi « les réalisations de l’Office diocésain » dans : « L’action nécessaire du diocèse de Lyon pour de nouvelles paroisses », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 29 mai 1959.