2. Les responsables : Mgr Dupuy (1957-1960) et Mgr Mazioux (1960-1975)

L’ODPN est placé sous la haute autorité de l’archevêque de Lyon. Il relève plus directement de l’évêque auxiliaire, mais de façon non strictement codifiée semble-t-il. Ainsi, au plus fort des chantiers diocésains, l’évêque auxiliaire Mgr Villot « n’est en quelque sorte que le mandataire [de l’OD] par l’intermédiaire du vicaire général directeur de l’Office »757.

Mgr Claude Dupuy758 est le fondateur de l’ODPN. Le titre de sa charge au sein de l’Office diocésain reste flou, mais il en est le principal artisan d’octobre 1957 à novembre 1960 - date de la nomination de Mgr Mazioux comme vicaire général et directeur de l’ODPN. Mgr Dupuy est en particulier l’auteur en novembre 1959 d’une première liste de lieux de culte ou annexes à implanter dans le diocèse qui sert de base de départ aux statistiques et à la prospection des terrains à l’Office diocésain759. Lors de son départ en décembre 1961 pour Albi où il vient d’être nommé par Rome comme archevêque, les responsables de l’ODPN saluent en lui un travailleur acharné, fin connaisseur de la géographie lyonnaise, véritable pionnier dans la prospection de terrains dans l’agglomération, et en font une figure fondatrice, tel un missionnaire défrichant une terre hostile éloignée de l’Église : « Quand le diocèse a élaboré son programme d’églises nouvelles, l’Urbanisme de Lyon en était encore à ses balbutiements et la charge incombait au diocèse de rechercher les terrains par ses propres moyens et de les acquérir. Dans ce domaine inorganisé, Mgr Dupuy a réalisé une œuvre qui force l’admiration. C’est lui qui, pour Lyon et sa région, a jeté les bases, amorcé les transactions de la plupart des opérations qui, lentement certes, arrivent tout de même à leur terme »760. Quant à Mgr Mazioux, il rend un hommage appuyé à son prédécesseur parti depuis un an et demi vers son nouveau diocèse : « J’ai reçu de Mgr Dupuy un bien lourd héritage. Lorsqu’il m’a fait effectuer, géographiquement parlant, le tour de la question, à travers des rues dont il connaissait tous les carrefours, je me suis senti bien écrasé. Un point cependant était acquis à peu de choses près : la prospection qu’il avait faite des lieux de culteou annexes à implanter. J’ai réalisé alors quelle somme de démarches et de visites sur les lieux cela pouvait supposer »761.

Mgr Mazioux a des points communs avec son évêque auxiliaire : originaire comme lui de la Loire (il est né à Noirétable), de la même génération que lui (Mgr Mazioux est né un an avant son confrère, en 1900), toute sa carrière ecclésiastique avant-guerre se déroule également dans l’archidiaconé de Saint-Étienne. Il est ordonné prêtre en 1926, et après dix années de vicariat, il devient sous-directeur des Œuvres pour l’archidiaconé de Saint-Étienne en juin 1939. Après la guerre, il est nommé directeur des Œuvres en avril 1948. À ce titre, il réalise le même travail de prospection de terrains en vue d’églises nouvelles que Mgr Dupuy, mais pour Saint-Étienne762. Il reçoit le titre de prélat du Saint-Siège en 1956. C’est également un ancien élève de l'École des Missionnaires du Travail à Lille763, mais à des dates qui ne sont pas connues. Il fait partie des membres de l’ODPN en octobre 1957 au moment de sa création, sans doute au titre de directeur des Œuvres à Saint-Étienne. C’est en novembre 1960, donc à l’âge de soixante ans, qu’il est appelé à Lyon comme vicaire général et directeur de l’Office diocésain. Il reste à la tête de l’ODPN jusqu’en 1975, date à laquelle il se retire à Noirétable. La Semaine religieuse de Lyon salue son passage à ce poste de directeur comme « sa grande œuvre »764.

Notes
757.

Mgr Joannès Mazioux, Les églises nouvelles…, op. cit., p. 53.

758.

Le parcours de Mgr Dupuy a été présenté au chapitre 4.

759.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, « Situation générale des églises nouvelles du diocèse de Lyon à la date du 1er octobre 1962 » par l’ODPN Cette liste a également été publiée dans le premier numéro du journal Paroisses nouvelles (supplément à L’Écho-Liberté du 15 mars 1961). Elle recense quatre-vingt-treize centres à construire, auxquels s’ajoutent treize autres « à l’étude ».

760.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport sur les achats de terrains par E. Garnier (ODPN), 19 juin 1963.

761.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport général de Mgr Mazioux, 23 juin 1961. Au moment du départ de Mgr Dupuy pour Albi, Mgr Mazioux évoque également « le rôle décisif » joué par l’évêque auxiliaire à l’ODPN (Paroisses nouvelles, supplément à L’Écho-Liberté du 12 mai 1962).

762.

« Dans le même temps, Mgr Mazioux se défendait avec le même acharnement pour les mêmes problèmes à Saint-Étienne ». Citation d’É. Garnier dans : AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport sur les achats de terrains par É. Garnier (ODPN), 19 juin 1963.

763.

Cette école est devenue en 1953 l’École des missionnaires d'Action catholique et d'Action sociale. Elle prépare des prêtres à un apostolat spécialisé dans les différents milieux de vie du monde ouvrier.

764.

Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 14 octobre 1988. Joannès Mazioux est décédé le 2 octobre 1988, quatre mois avant Mgr Dupuy.