4. Des églises nouvelles pour des vocations sacerdotales nouvelles

Le lien entre églises nouvelles et vocations sacerdotales peut surprendre, mais il faut rappeler que l’Église de France s’inquiète dès les années 1950 d’une baisse du nombre d’ordinations. À Lyon, les quartiers nouveaux semblent avoir suscité un temps l’espoir d’une possible relève, en tout cas d’un vivier potentiel pour de nouvelles vocations. Le cardinal Gerlier voit un lien de cause à effet assez net entre les chantiers diocésains alors naissants et le manque de prêtres : « Je reviendrai aussi sur un problème différent [des paroisses nouvelles], intimement lié au premier et encore plus impérieux : celui des vocations sacerdotales et religieuses indispensables » ; « Un effort nouveau doit être accompli [pour construire de nouveaux lieux de culte], comme je viens de vous le dire, pour que nous ayons, avec l'aide de Dieu, des vocations plus nombreuses. Nous avons en perspective des années dures, avec des chiffres d'ordination très réduits »965. Un texte de 1962 émanant de l’Archevêché pose explicitement la question : « Et les vocations qui nous manquent ne viendront-elles pas aussi de ces communautés chrétiennes naissantes ? »966. La plantatio ecclesiae est par conséquent une garantie pour l’avenir de l’Église dans les nouveaux quartiers. Pourquoi tant d’insistance de la part des autorités ecclésiastiques à s’implanter dans ces territoires nouvellement urbanisés ?

La plantatio ecclesiae ne prend sens qu’en référence au salut des hommes que l’Église doit assurer. La conversion est le second élément fondamental de la mission, extérieure comme intérieure. Mgr Maziers traduit de façon remarquable ce lien entre plantation de l’Église et salut des pécheurs. Dans un article intitulé « Temps de grâce » paru dans le journal Paroisses nouvelles en 1962, il tente de trouver des réponses aux problématiques des chantiers diocésains que soulève la Lettre encyclique Mater et magistra (1961) du pape Jean XXIII. Il met notamment en perspective l’aménagement du territoire dans une histoire du salut, insistant notamment sur « le nécessaire aménagement de la Terre en tant qu’affirmation d’un au-delà du monde et des choses […]. À travers la vie agitée, complexe du monde moderne, l’homme des usines, des grands ensembles, des loisirs collectifs, a besoin lui aussi d’une présence qui le délivre de la solitude et du sentiment douloureux de l’inachèvement »967. L’équipement religieux renvoie les réalités humaines à un au-delà qui les dépasse et leur donne sens. La mission est le signe d’une transcendance qui sauve l’homme de sa condition.

Notes
965.

« Lettre de Son Éminence Gerlier aux prêtres et aux fidèles de son diocèse au sujet de l'emprunt pour les paroisses nouvelles », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 17 février 1957 ; « Lettre à mes diocésains au sujet de la construction et de l'équipement de nos nouvelles paroisses », par le cardinal Gerlier, Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 27 octobre 1957.

966.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, « L’effort diocésain pour les nouveaux centres religieux », 2 mai 1962.

967.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, journal Paroisses nouvelles, supplément au n°812 de L’Essor du 12 mai 1962.