L’église nouvelle doit être au centre : tel est l’axiome fondamental qui guide l’action des responsables de l’ODPN. Encore faut-il définir et décliner ce que l’Archevêché définit comme « centre », d’autant que les principes d’urbanisme religieux cités plus haut ne semblent pas exempts de contradictions : comment le lieu de culte peut-il être « autant que possible le centre du quartier » et, dans le même temps, « éviter la proximité d’une rue trop fréquentée » tout en limitant « le prix de vente et les droits d’acquisition », nécessairement plus élevés qu’en périphérie ? Il y a là une structuration idéale de l’urbain par le religieux : le lieu qui répondrait à l’ensemble de ces critères n’existe pas, c’est un « non-lieu », donc de l’ordre de l’utopie1024. L’hypothèse qui animera la démonstration ici s’appuie sur l’idée de ville ou de localisation utopique, en donnant un contenu positif à la stratégie des responsables diocésains : loin de considérer en effet la combinaison de tous les critères énoncés ci-dessus comme un consensus dans un environnement donné, conçu comme le fruit par défaut d’une négociation, l’Archevêché et l’ODPN disent rechercher une localisation optimale, dans un contexte intellectuel marqué précisément, dans les milieux des aménageurs et des urbanistes, par la détermination de niveaux et de seuils quantitatifs optima.
Sur la notion de « ville utopique », voir Antoine Bailly, Catherine Baumont, Jean-Marie Huriot et Alain Sallez, Représenter la ville, Paris, Éditions Economica, 1995.