La construction d’églises nouvelles s’effectue-t-elle en lien direct avec la croissance démographique des communes au cours de la période ? La carte ci-dessous (Fig. 11) montre que Rillieux-la-Pape, Saint-Priest, Mions et Corbas sont les communes qui ont connu la plus forte augmentation de leur population, suivies par la première couronne de l’est lyonnais (Vaulx-en-Velin, Bron, Vénissieux, Feyzin). Ailleurs, seule la commune d’Écully voit sa population multiplier par plus de trois au cours des Trente Glorieuses.
0La confrontation de cette carte avec la répartition chiffrée d’églises nouvelles par commune (Fig. 12) montre que les chantiers diocésains n’ont pas suivi de façon claire la croissance urbaine au cours de la même période. Le cas de commune de Lyon est flagrant de ce point de vue : alors que cet espace perd des habitants, seize nouvelles églises nouvelles se sont ajoutées au maillage existant. Certes, il faut nuancer en regardant les chiffres à l’échelle de l’arrondissement : ce sont essentiellement les 7ème, 8ème et 9ème arrondissements actuels qui ont été équipés, c’est-à-dire les territoires les plus récemment annexés à la ville de Lyon et les plus dynamiques sur le plan démographique. Mais cette inadéquation est visible pour d’autres espaces de l’agglomération. Ainsi, six nouveaux lieux de culte ont été érigés à Villeurbanne alors que la commune connaît une plus faible augmentation de sa population que nombre de communes qui, elles, n’ont pas accueilli de chantier diocésain, à l’ouest (Saint-Genis-Laval, Dommartin, La-Tour-de-Salvagny, Champagne-au-Mont-d’Or) mais aussi à l’est (Mions ou Corbas).
Un autre exemple significatif est fourni par la partie sud-est de l’archidiaconé Saint-Jean : alors que la population de Vénissieux connaît une croissance de sa population égale à 265 % entre 1954 et 1975, un seul lieu de culte est construit sur la commune (Les Minguettes), alors que pour une croissance certes forte mais inférieure (+ 214 %), Bron voit se succéder cinq chantiers d’églises nouvelles au cours de la même période.
Au total, vingt communes sur les trente-quatre retenues pour l’étude n’ont pas connu de chantiers diocésains sur leur sol. Les églises nouvelles ont donc concerné une minorité de paroisses dans l’agglomération lyonnaise, alors que toutes les communes de la périphérie lyonnaise ont connu un net accroissement démographique au cours de la période. Dans l’ensemble, il ressort par conséquent que l’effort d’équipement religieux de l’archidiaconé Saint-Jean n’a pas suivi mécaniquement et proportionnellement les rythmes d’urbanisation des différentes communes. Faut-il en conclure que cette politique de construction d’églises nouvelles s’est faite au hasard des circonstances ? Le clivage est-ouest qu’avait remarqué Jean Labbens lors du recensement religieux en 1954 est-il par exemple encore de mise vingt ans après ?
Carte réalisée à partir du logiciel de cartographie assistée par ordinateur Mapinfo.
Les communes de l’agglomération qui ne sont pas mentionnées n’ont pas accueilli d’église nouvelle achevée au cours de la période.