Pour l’Office diocésain, la priorité est d’acquérir des terrains encore disponibles dans les quartiers qui connaissent une forte croissance démographique. Peu importe l’emplacement précis, même si un terrain bien situé est toujours une aubaine : il s’agit pour l’Église de prendre part au vaste mouvement de positionnement des acteurs sur le marché foncier de l’agglomération. Avant la création de l’ODPN, la quête pour l’Œuvre du Christ dans la banlieue réalisée chaque année dans le diocèse s’oriente principalement vers l’acquisition de terrains1129.
L’Église catholique est aidée à partir du milieu des années 1950 par la bienveillance du législateur, qui inclut les lieux de culte dans la liste des équipements au nom desquels est possible une expropriation de terrains par les collectivités locales, les établissements publics ou l’État1130. Une note de l’ACA conservée à l’Archevêché de Lyon explique à propos de cette loi du 6 août 1953 que « les diocèses doivent donc se soucier d’arriver à temps. Pour ce, le mieux est de participer depuis le début à l’élaboration des plans d’urbanisme, en achetant n’importe quel terrain dans la zone prévue, ou en prenant une part dans la société qui a l’initiative de l’opération »1131. Cette recommandation des évêques se traduit à Lyon par une véritable frénésie de prospection et d’achat, qui nécessite dès 1957-1959 le lancement de deux emprunts successifs.
« Il est à peine besoin de rappeler que les ressources recueillies par cette œuvre sont destinées à aider les prêtres chargés de créer de nouvelles paroisses, et à leur permettre d'acquérir en temps utile, c’est-à-dire parfois bien avant l'heure où la future paroisse pourra s'organiser, les terrains nécessaires à la construction des églises et des locaux indispensables à la vie d'une paroisse moderne. On devine facilement que cet effort requiert des sommes considérables, dans des quartiers en plein développement » (Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 25 avril 1954).
La loi du 6 août 1953 stipule que l’État, les collectivités locales, les établissements publics qualifiés à cet effet (syndicats de communes, chambres de commerce, offices d’HLM, sociétés d’économie mixte…) peuvent exproprier les terrains dont ils ont besoin pour la construction d’ensembles d’habitations, édifices et installations nécessaires à la vie économique et sociale de ces groupes. La circulaire ministérielle du 6 janvier 1956 interprète largement cette formule en incluant les édifices de culte.
AAL, fonds Gerlier, 11.II.8, note de l’ACA sur la construction d’édifices religieux, 25 juin 1956.