2. Acheter pour pouvoir négocier

Il est à remarquer qu’une telle pratique n’est pas perçue négativement par l’Église diocésaine. Elle correspond à l’une des recommandations de Gaston Bardet pour ménager l’avenir dans les quartiers en forte croissance démographique : « Trop souvent, l’église se trouve "en tiroir" entre des immeubles, pour la simple raison d’une donation de terrain ou d’une facilité d’achat. Il ne faut pas hésiter, tout en ayant une politique prévoyante d’achat de terrains, à ne considérer ceux-ci que comme monnaie d’échange lorsqu’un meilleur emplacement suffisant en surface, et riche en possibilités d’extension, aura été déterminé »¹¹³⁶. Après quatre ans de fonctionnement de l’ODPN, Mgr Mazioux tire un bilan avantageux de cette démarche, dans la mesure où l’échange a permis parfois de dégager une plus-value : « Il fallait presque à tout prix et sans tarder prendre des gages sur l’avenir ; donc acheter des terrains même si ici et là, l’évolution des plans d’urbanisme obligeait à revendre certains d’entre eux ; cela pouvait même constituer en fait un investissement fructueux »¹¹³⁷. À Saint-Fons par exemple, un terrain excentré et grevé de servitudes mais acquis suffisamment tôt a pu être échangé avec la Mairie en 1963 « contre un autre en plein centre avec jouissance des parkings environnants »¹¹³⁸. Cette pratique est entérinée par le Comité national de construction d’églises en 1964 : « Dans les cas de densification des vieux quartiers, des zones de rénovation urbaine ou de prolifération de banlieues, la réservation des terrains peut n’être pas assurée et des municipalités malveillantes peuvent s’y opposer efficacement. Dans ces secteurs, il faut avoir une politique d’achat préalable de terrains afin de s’en servir commemonnaie d’échange »¹¹³⁹. Le diocèse doit donc acheter pour se positionner de façon favorable sur le marché foncier. Le prix d’achat fait également l’objet d’une attention particulière.