3. Bénéficier de conditions favorables d’achat

Lorsque la chose est envisageable, l’Archevêché ne néglige pas la possibilité d’acquérir des terrains à des prix inférieurs au marché. Certes, les parcelles obtenues ne répondent pas toujours au critère de centralité préconisé par l’ODPN, mais en période d’urbanisation rapide et de pression sur les coûts du foncier, il est difficile de refuser l’aide que peuvent procurer œuvres et intermédiaires bienveillants dans la prospection des terrains.

C’est le cas, pour les années 1945-1957, de l’Œuvre du Christ dans la banlieue. L’association avait en effet acheté en prévention des parcelles sur lesquelles vont s’ériger de nouveaux lieux de culte. L’Archevêché s’appuie sur ce choix de terrains par commodité, et ne recherche qu’exceptionnellement un autre emplacement possible. Ainsi, la création de la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes en 1948 et la construction de l’église de Notre-Dame-de-l’Espérance à Villeurbanne à partir de 1955 ont été permises par le travail de prospection de l’Œuvre du Christ dans la banlieue1140. Toujours à Villeurbanne, dans le quartier des Poulettes, « le terrain acheté jadis par le "Christ dans la banlieue" » offrirait la possibilité, selon l’archiprêtre Veyron en juillet 1954, d’ériger un centre religieux dans ce qui constitue encore à cette date une zone de confins du diocèse de Grenoble1141.

En dehors de ce travail en quelque sorte « préparatoire » de l’Œuvre du Christ dans la banlieue, des marques de bienveillance de la part des municipalités, d’entreprises ou de particuliers jalonnent les rapports sur l’implantation des futurs lieux de culte. Dans le quartier de la Part-Dieu, « la ville de Lyon semble disposée à réserver un emplacement pour une église » du fait de la transformation de ce secteur et de la disparition des lieux de culte de la Cité Rambaud1142. Avenue Mermoz, dans le 8ème arrondissement de Lyon, « la ville de Lyon a réservé un terrain à l’angle du boulevard Pinel » afin d’y édifier un lieu de culte. Quelques hectomètres plus loin, dans l’unité de voisinage de Bron-Parilly alors en chantier, c’est le Conseil général du Rhône qui a voté la concession d’une jouissance de 7 000 m2 pour y construire une église. Les collectivités locales font donc parfois jouer leur droit de préemption au profit du diocèse. Dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, l’acquisition d’un terrain de 7 000 m2 « pour un prix très faible » laisse deviner un geste de bienveillance de la part de la municipalité ou, plus probablement, d’un particulier1143. À Francheville-le-Haut, dans l’Ouest lyonnais, un notable est disposé à donner à l’Association diocésaine une ancienne ferme avec habitation et jardin dans le quartier Bel-Air en vue d’un lieu de culte. Place du Bachut, dans le 8ème arrondissement, le diocèse bénéficie dans ce quartier en plein développement de la présence ancienne de l’École d’apprentissage supérieur, fondée par l’abbé Maurice La Mache, qui se dit prête à vendre « tout le terrain entre sa chapelle et la place ». Même configuration aux Essarts à Bron, où la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes dispose de biens fonciers et immobiliers qui peuvent être aisément reconvertis en lieu de culte.

Même si elle peut poser des problèmes de contrôle et de nomination du clergé par la suite, la prise en charge financière d’une construction d’église par une entreprise rend l’opération quasiment gratuite pour l’Archevêché. C’est le cas dans le quartier ouvrier de la Poudrette à Vaulx-en-Velin : « Cette paroisse est essentiellement construite par la cité TASE. Jusqu’ici, elle disposait d’un presbytère et d’une chapelle en bois. La Société TASE a cédé un terrain en bordure de la cité où doivent s’édifier les locaux de la paroisse. Elle a en outre consenti au diocèse un prêt de 10 millions [de francs] sans intérêt pour ces constructions ». Dans le quartier de Gorge-de-Loup, l’Archevêché espère obtenir de la SNCF une cession de terrains inutilisés à proximité de la gare, afin de pouvoir offrir un service religieux aux salariés de la cité Rhodiaceta.

Il est cependant des cas où le choix d’un site s’impose de lui-même en raison d’une première implantation religieuse : une chapelle de secours en dur ou en préfabriqué, une communauté de fidèles déjà structurée ou une présence congréganiste expliquent alors, loin de toute considération d’ordre urbanistique ou géographique, la localisation d’une future église nouvelle.

Notes
1140.

« Ordonnance érigeant la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes dans l'archiprêtré de Saint-Pierre-de-Vaise », Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 11 janvier 1948 ; AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport de l’archiprêtre Veyron à Mgr Caillot évêque de Grenoble, 25 juillet 1951 ; AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport « Les projets des futurs paroisses », sans date, vraisemblablement 1956-1957.

1141.

Cependant, ce terrain est délaissé au profit de la solution des abords de l’usine Bertrand-Clayette comme il a été vu plus haut (AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport de l’archiprêtre Veyron à Mgr Caillot évêque de Grenoble, 28 juillet 1954).

1142.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport « Les projets des futurs paroisses », sans date, vraisemblablement 1956-1957. Les exemples qui suivent sont tirés du même document.

1143.

La commune de Vénissieux est alors dirigée par une municipalité communiste.