Dans ce court chapitre, l’attention se portera plus particulièrement sur les moyens mis en œuvre par l’Office diocésain des paroisses nouvelles pour parvenir à ses fins. L’aménagement religieux du territoire ne peut en effet devenir effectif qu’à la condition que des ressources humaines et financières soient dégagées pour chacun des projets de lieu de culte. Ce que dit Yvon Tranvouez pour l’ensemble des diocèses français peut être repris pour celui de Lyon : jusqu’à la fin des années 1950, la question financière n’est pas encore décisive. La générosité des fidèles, le recours à l’emprunt et le génie des curés bâtisseurs suffisent en effet. Mais avec la planification des projets de lieux de culte et la mise en place d’un fonctionnement centralisé par objectifs, l’« effet de seuil » est réel : le problème du financement des chantiers et de la mobilisation des fidèles qu’il suppose se pose désormais avec acuité1185.
Dès lors, la coordination que souhaite imposer l’Office diocésain s’accompagne d’une modification des techniques de gestion. En outre, au nom de l’efficacité, la collaboration de tous est recherchée. L’ODPN, en établissant le cadre et les termes de la politique à mener, semble donc a priori le véritable maître d’œuvre. La question financière servira ici de révélateur : l’Office diocésain est-il une structure au service des besoins des paroisses ou exerce-t-il au contraire un contrôle tel, qu’il empêche toute autonomie des associations paroissiales locales ?
Bien qu’une étude de cas permette de rentrer plus avant dans les rouages administratifs et financiers d’un projet de lieu de culte1186, il a paru nécessaire, en dépit des difficultés qui se posent plus spécifiquement à l’historien du religieux sur cette question1187, de rendre compte d’abord du cadre général dans lequel se déroulent les transactions financières. Dans un second temps seront décrits les leviers de la mobilisation utilisés par l’Archevêché, non sans tenter de caractériser le rapport particulier que les responsables diocésains entretiennent avec la question de l’argent et de l’investissement en général.
Yvon Tranvouez, « Les catholiques et le devenir des lieux de culte en France… », op. cit., en particulier p. 246.
Voir chapitre 9.
Jean-Marie Mayeur explique la difficulté à écrire une histoire économique et financière de l’Église catholique à l’époque contemporaine par un attachement au secret et par l’absence de règles de comptabilité dans l’institution ecclésiale (voir Jean-Marie Mayeur, L’histoire religieuse de la France (19 ème – 20 ème siècles). Problèmes et méthodes, Paris, Beauchesne, 1975, p. 18-19). Les travaux récents de Jean-Pierre Moisset sont cependant une bonne illustration de ce qu’il est possible de faire dans ce champ (voir notamment Jean-Pierre Moisset, Les Biens de ce monde. Les finances de l’Église catholique au XIX ème siècle dans le diocèse de Paris (1802-1905), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2004).