Pour les lieux de culte construits après la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, la question du financement de la construction est redoutable. En effet, les chantiers ne peuvent bénéficier désormais d’aucune aide publique (État ou collectivités locales). Ces églises sont payées uniquement par les fidèles. Ces édifices sont propriété du Diocèse qui doit en assurer l'entretien, contrairement à ceux édifiés avant 1905, qui sont devenus biens des communes et sont entretenus par elles1188. Jacques-Olivier Boudon considère que le nouveau cadre juridique offre à l’Église catholique une souplesse et des facilités que celle-ci n’avait pas sous le régime concordataire : toute construction d’une nouvelle église était alors soumise à l’autorisation de l’État, parfois peu favorable à l’extension du maillage paroissial, comme dans les premières années de la Troisième République1189. Il reste que, pour le diocèse de Paris notamment, le financement public constitue tout au long du XIXème siècle un apport essentiel, même si Jean-Pierre Moisset reconnaît que le rapport entre financement public et financement privé est impossible à déterminer précisément, du fait de sources lacunaires1190.
Après 1945, dans un contexte de forte urbanisation, le diocèse de Lyon doit par conséquent compter sur ses seules ressources pour financer la construction d’églises nouvelles. Or, en 1961, au moment où l’ODPN a trouvé son mode de fonctionnement, l’Archevêché fait un « pari » très ambitieux : « Tout doit être bâti et payé (ou à peu près) dans les dix années à venir »1191. Cette affirmation sert de référence constante à l’Office diocésain, maintes fois rappelée dans les circulaires, les rapports et la correspondance. Ce pari a-t-il été tenu sur le plan financier ? Avant d’envisager l’étude des moyens de financement adoptés par le Diocèse et ses résultats, il faut tout d’abord préciser les contours juridiques du financement mis en place par l’Office diocésain, afin de déterminer la part respective des paroisses et de l’Association diocésaine dans la prise de risque financier des chantiers.
Nadine-Josette Chaline (en collaboration avec Jeanine Charon), « La construction des églises paroissiales aux XIXème et XXème siècles », Revue d’Histoire de l’Église de France, 73, 1987, p. 35-49.
Jacques-Olivier Boudon, « Les nouvelles paroisses parisiennes… », op. cit., en particulier p. 343.
Pendant le règne de Charles X et lors des années centrales du Second Empire (1856-1865), les pouvoirs publics, notamment la municipalité parisienne, adoptent une politique sans précédent de constructions d’églises. Voir Jean-Pierre Moisset, Les Biens de ce monde…, op. cit., en particulier p. 323.
AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport général de Mgr Joannès Mazioux lors de la réunion générale de l’ODPN, 23 juin 1961.