2. Le rôle de l’ODPN : contrôle et soutien aux projets les plus fragiles

Ces deux impératifs prennent place dans un dispositif de contrôle assez étroit du bon fonctionnement de l’association paroissiale et de sa gestion financière par l’ODPN. La mise en place de chaque association locale ainsi que « la prise en considération de certains problèmes particuliers » - également appelée « suivi des décisions les plus importantes » - sous la forme de visites et de contacts, sont faites en présence d’un délégué de l’ODPN. De même, la mise en route des travaux reste subordonnée à la décision de l’Office diocésain qui peut retarder le démarrage des travaux en fonction d’un plan d’urgence établi par l’autorité religieuse seule. Un double du compte-rendu financier présenté à chaque assemblée générale de l’association est adressé à l’ODPN. À cette fonction de contrôle s’ajoute celle de caisse de secours pour les paroisses les plus en difficulté : ce sont les « imprévus » évoqués plus haut. Une aide peut en effet être accordée sur décision des services de l’ODPN, mais « avec discrétion » pour éviter toute contestation ou marchandage.

Mgr Mazioux énumère les avantages d’une telle décentralisation financière : cogestion des fonds entre marraines et filleules qui responsabilise et fait collaborer des paroisses dans le cadre d’une « pastorale d’ensemble »1194 ; autonomie locale pour des initiatives de récolte des fonds ; limitation des dépenses somptuaires ou fantaisistes ; mais aussi transfert des responsabilités qui « décharge des soucis pratiques l’Office diocésain qui garde cependant les moyens d’un contrôle »1195. L’Archevêché en revanche prend entièrement à sa charge l’achat des terrains destinés à la construction des centres religieux1196.

Un tel dispositif fait peser de lourdes responsabilités sur les paroisses qui, exceptées pour celles qui bénéficieront d’une aide de la caisse centrale de l’ODPN, doivent assurer seules le financement de leur lieu de culte et de ses annexes éventuelles. Pourtant, il ne semble pas que les catholiques des paroisses qui bâtissent aient protesté contre ce cadre juridique particulièrement contraignant pour eux. En janvier 1961, Mgr Mazioux et Mgr Maziers réunissent les curés bâtisseurs du diocèse pour leur exposer ce schéma d’ensemble. Or, si l’on en croit le directeur de l’Office diocésain, « aucune objection n’a été soulevée sur le point le plus délicat et le plus important : les responsabilités financières à prendre en équipes avec leurs paroisses marraines par les paroisses qui bâtissent »1197. À la fin du mois de juin 1961, alors que quatre-vingt-six lieux de culte sont en projet dans le diocèse1198, vingt-sept associations paroissiales ont déjà été constituées - soit un peu moins d’une association paroissiale sur trois - et douze conventions avec l’Association diocésaine sont signées. Or, il ne s’agit encore que de la phase de démarrage des chantiers diocésains. Des « comités locaux, plus ou moins étoffés », au nombre non mentionné, sont signalés à la même date : ils forment le Bureau potentiel d’une association paroissiale à créer dès que le curé de la paroisse aura trouvé toutes les personnes aptes à conduire le projet de construction1199. Ces chiffres laissent supposer que la formule adoptée par l’ODPN est entérinée par les paroisses nouvelles, qui doivent donc se préoccuper du financement de leur chantier.

Notes
1194.

Voir chapitre 10.

1195.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, « Églises nouvelles. Décentralisation pastorale…et financière », par Mgr Joannès Mazioux, 21 décembre 1960.

1196.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, circulaire ODPN n°8, sans date, 1961 ou 1962 probablement.

1197.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, note de Mgr Joannès Mazioux, 23 janvier 1961.

1198.

Et non seulement dans l’agglomération lyonnaise (AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport général de Mgr Joannès Mazioux lors de la réunion générale de l’ODPN, 23 juin 1961).

1199.

AAL, fonds Gerlier, 11.II.31, rapport de M. Gaillard sur les questions administratives lors de la réunion générale de l’ODPN, 23 juin 1961.