4. Une situation de confins dans l’agglomération à l’origine de difficultés pour la paroisse

Il s’agit ici, sur une période qui englobe et dépasse le temps de la construction, de s’interroger sur le rôle qu’a pu jouer la situation d’ « extrême-orient » du quartier de Cusset à l’échelle de l’agglomération lyonnaise. Certes, cette appellation peut être contestée en raison du développement d’une auréole de communes encore plus périphériques à partir des années 1960 (Vaux-en-Velin, Meyzieu, Décines, Chassieu ou Saint-Priest), qui s’urbanisent et s’industrialisent en bénéficiant d’un énième desserrement des activités¹³³⁶.

Il reste que la présence de la double limite formée par le canal de Jonage et le boulevard de ceinture, à l’emplacement des anciennes fortifications, fait du quartier de Cusset, dans les années 1960 encore, une zone frontière dans la dynamique d’urbanisation qui touche l’agglomération. En outre, il est légitime de faire de cet espace une zone de confins au sens où la géographie sociale l’entend : un espace fragilisé par son éloignement avec le centre, qui peut s’apparenter aux marches médiévales car il joue le rôle d’interface entre deux mondes¹³³⁷. Périphérie d’une périphérie (Villeurbanne), Cusset est perçu comme un espace en marge qui s’est construit sur cette identité. La Rize et le canal de Jonage, le long desquels se sont multipliées les guinguettes déjà évoquées, sont par exemple longtemps restés des lieux récréatifs pour les Lyonnais et les Villeurbannais. Avec le terminus de la ligne 7 du tramway à partir du début du siècle, le quartier apparaît jusqu’à la Seconde Guerre mondiale comme un « bout du monde »¹³³⁸.

Dans les années 1960 et 1970, malgré le débordement des espaces urbanisés au-delà de la Porte de Cusset, le quartier est encore considéré comme un espace de relégation pour des populations ou des activités refoulées du reste de l’agglomération, ce qui n’est pas sans conséquences sur la vie paroissiale.