1. Une lente institutionnalisation du groupe des paroissiens volontaires

Une circulaire de l’Office diocésain intitulée « Processus à suivre pour la constitution des associations paroissiales des nouvelles paroisses » a été envoyée à la paroisse, sans doute en milieu d’année 1961¹³⁷⁹. Cette fiche a vraisemblablement servi de vade-mecum aux fondateurs de l’Association paroissiale qui élisent leur premier Bureau (fréquemment appelé « Comité » par la suite) le 20 novembre 1961¹³⁸⁰. La constitution du dossier pour la préfecture a nécessité du temps aux dires du curé Loison¹³⁸¹. La première assemblée générale ne se tient que le 23 mars 1962¹³⁸². Mais à la fin du mois de mai 1962, l’ODPN ne connaît toujours pas exactement les statuts de l’association. H. Jaillard écrit au curé Loison après qu’une première lettre soit restée sans réponse : « Vous verrez d’après le texte de ma lettre que je ne connais l’existence de cette association paroissiale fantôme que par une signature en bas d’un état de souscription »¹³⁸³. Le secrétaire de l’association ne lui répond que plus d’un mois plus tard pour lui donner les renseignements demandés : adresse du siège social, formalités administratives et identité des membres du Conseil d’administration¹³⁸⁴.

Ces flottements se traduisent également dans la diversité des noms donnés à l’association. Celle-ci est déclarée à la préfecture sous le nom d’ « association paroissiale de Saint-Julien-de-Cusset ». Cette appellation ne fait pas mention du projet d’une nouvelle église : y a-t-il un caractère d’évidence pour ses fondateurs ? A-t-on envisagé dès le départ que cette association pourrait survivre et être utile à d’autres titres après la construction du lieu de culte ? Toujours est-il que cet intitulé, bien que repris par l’ODPN dans sa correspondance avec la paroisse dès avril 1961, est loin d’être le seul utilisé par les habitants du quartier entre novembre 1961 (date de la mise en place du premier Bureau) et mai 1962. Ainsi, l’abbé Michel Flochon évoque à deux reprises le « comité pour la construction de l’église » (janvier et mars 1962), une habitante s’adresse à la « commission pour la Nouvelle Église » (février 1962), deux paroissiens (dont l’un membre du Bureau !) écrivent à l' « association pour l'Église nouvelle » (mars et mai 1962). Le président de l’association lui-même, Charles Gonnet, parle dans un courrier daté du 16 mars 1962 de l’ « association paroissiale pour l’église nouvelle ». Le curé Loison, également membre du Comité et concerné au premier chef par le projet, parle quant à lui de l’ « association pour la construction de l’église » le 18 mars 1962, soit cinq jours seulement avant la première assemblée générale¹³⁸⁵. Les difficultés de stabilisation de l’énoncé même de l’association révèlent les hésitations et sans doute les doutes sur son statut et sa place dans l’élaboration du projet. En octobre 1962 encore, le Comité débat, sans que l’on puisse savoir si cette discussion est à usage externe ou interne, des « explications de la nécessité de la construction de l'église », en rappelant quelques chiffres sur l’augmentation du nombre de logements construits dans le quartier¹³⁸⁶.