A. L’association paroissiale : un relais passif de l’ODPN ?

1. Un organe de gestion au service de l’Office diocésain

Plusieurs indices montrent que l’association paroissiale de Cusset applique et entend appliquer à la lettre les directives de l’Office diocésain en matière de construction de lieux de culte.

Le père Loison se fait d’abord le fidèle relais de l’Archevêché et de la Semaine religieuse lorsqu’il s’agit d’organiser une quête pour les églises nouvelles, en particulier lors de la fête du Christ-Roi chaque automne et ce, avant même la création de l’Association paroissiale et la mise en route du projet d’église nouvelle à Cusset. La quête est parfois appuyée par un encart du Comité dans la feuille paroissiale¹⁴³⁷.

D’autre part, le curé et l’Association paroissiale mettent scrupuleusement en application les consignes de l’Office diocésain lors des campagnes diocésaines de mobilisation. C’est par exemple le cas le 30 octobre 1960 où il s’agit à la fois de se faire le relais efficace d’une transmission d’informations de l’Office diocésain vers les fidèles et de contribuer à la réussite d’un appel aux dons : « Selon les directives de l'Archevêché, nous allons maintenant procéder à la distribution de la brochure sur les églises nouvelles. Des membres de notre communauté vont passer près de vous pour vous donner cette brochure. Nous vous demandons de n'en prendre qu'une par famille. De plus, cette brochure n'est pas donnée aux enfants. L'avant-dernière page de cette brochure comporte un coupon-réponse. Ceux qui le voudront mettront sur ce coupon-réponse leur nom et adresse ainsi que la somme qu'ils s'engagent à verser chaque année aussi longtemps qu'ils le pourront. À titre indicatif, l'Archevêché propose la somme de 2 000 [francs], étant bien entendu que chacun verse selon ses possibilités, soit moins, soit plus. Le coupon-réponse une fois rempli sera remis à M. lecuré soit directement, soit par la boîte aux lettres de la cure, et cela sans trop tarder »¹⁴³⁸. De même, le journal Paroisses nouvelles est distribué à la sortie de la messe comme le souhaite l’équipe de Mgr Mazioux, ce qui renforce d’autant l’effort de propagande pour le financement de la nouvelle église de Cusset¹⁴³⁹.

En outre, la convention signée entre l’Association paroissiale et l’Association diocésaine est bien celle que souhaite voir appliquer l’Office diocésain : l’exemplaire signé par les deux parties qui figure dans les archives de la paroisse reprend mot pour mot le modèle envoyé par les services de Mgr Mazioux¹⁴⁴⁰. Or, ce cadre juridique est très contraignant pour l’association locale : dépendance directe à l’égard de l’Archevêché dont l’Association paroissiale n’est que la « simple mandataire » ; responsabilité financière totale de l’Association paroissiale pour les risques encourus tout en subissant un contrôle permanent sur ses ressources ; accès à la propriété pour la seule Association diocésaine. L’Association paroissiale doit se conduire en fidèle exécutante des directives de l’ODPN tout en assumant les aléas financiers et en assurant le suivi des travaux. Choisis par le père Loison, les membres actifs de l’association n’ont pas émis de réserves, d’après les sources consultées, sur le contenu de la convention.

Enfin, les membres du Comité sont soucieux d’écouter les consignes de l’Office diocésain. Ils participent ainsi aux réunions d’information organisées par l’ODPN à destination des « délégués paroissiaux », c’est-à-dire des curés-bâtisseurs et des représentants des laïcs membres des associations paroissiales¹⁴⁴¹. En réunion de Comité, lecture est faite des lettres et circulaires de l’ODPN¹⁴⁴². Le projet de nouvelle église, conformément à la procédure établie par l’Office diocésain, est examiné par la commission de Programme lors d’une réunion avec le curé Loison. Le compte-rendu est très clair : c’est « la commission [qui], après étude des documents présentés par le curé Loison, définit comme suit le programme […] », sans modification possible¹⁴⁴³.

Les membres du Comité savent cependant se servir de l’autorité compétente de l’ODPN et tourner à leur avantage la discipline financière qu’elle impose, notamment dans la négociation avec les autres partenaires. L’Association paroissiale fait ainsi remarquer aux architectes Vial en décembre 1964, à propos du premier avant-projet d’église, la trop forte disproportion entre l’estimation qu’ils proposent et « les chiffres auxquels on aboutit en suivant les directives de la circulaire n°32 du 1er octobre 1964 de l’ODPN […] :

‘I. Évaluation du projet présenté :
- selon circulaire n°32 ODPN : 550 000 francs
- estimation VIAL : 800 000 francs, soit 45,5 % de différence.
II. Évaluation du projet sans la tribune
- selon circulaire n°32 ODPN : 425 000 francs
- estimation VIAL : 600 000 francs, soit 41 % de différence ».’

Ces plus-values vouent le projet à un refus certain de la part de l’Office diocésain : « Tout projet qui ne tiendrait pas compte des données ci-dessus ne sera même pas présenté à l’examen de la Commission technique d’art sacré »¹⁴⁴⁴. La Commission d’art sacré a également donné ses conclusions et rendu son avis favorable, sans lequel la poursuite des pourparlers avec les architectes est déclarée invalide par l’ODPN¹⁴⁴⁵.