Ce qui précède montre certes que le Comité a pu être vécu par ses membres comme un lieu d’échanges, d’argumentation et de rencontre entre habitants d’un même quartier. Il faut cependant relativiser la portée politique d’une telle association.
Peu avant la mise en route du projet de nouvelle église, des feuilles d’annonces évoquent des « réunions de quartier » à l’initiative de paroissiens de Cusset1474. L’Église locale serait-elle désireuse de porter une parole collective ? Le dépouillement pour les années suivantes montre qu’il s’agit en fait de « réunions de carême dans les quartiers », qui traitent de thèmes proprement religieux (« Le Christ, notre vie et notre espérance », « Pourquoi Dieu permet-il la souffrance ? »), mais aussi et principalement de sujets de société sur lesquels l’Église propose un éclairage : « Les sectes », « La position de l’Église vis-à-vis du divorce »1475. Ces réunions qui se tiennent dans différents locaux du quartier ne rassemblent que peu de personnes, ce qui met en question la pertinence de ces formules aux yeux de leurs organisateurs1476.
D’autre part, l’Association paroissiale n’a jamais constitué un espace suffisamment important pour véritablement peser face aux décisions de la municipalité. Alors que l’église vient d’être terminée, l’assemblée générale de l’association ne réunit que trente-et-une personnes en octobre 1969, parmi lesquelles les pères Loison et Mortamet, neuf des dix membres du Comité et une quinzaine de paroissiens, « toujours les mêmes ou presque et que nous remercions très chaleureusement »1477. Certes, le Comité précise qu’il s’agit de « la plus faible représentation depuis 1963 », et les sources consultées ne permettent pas de donner un ordre de grandeur fiable du nombre de participants pour les assemblées générales antérieures. Mais ce chiffre, relativement faible si on le compare à l’estimation que donne le curé au début des années 1970 - 700 à 800 pratiquants hebdomadaires sur une population totale de 15 000 habitants pour Cusset1478 - traduit malgré tout la difficulté d’insuffler une dynamique à la communauté paroissiale.
APSJC, Ba3, cahier d’annonces des dimanches 21 février et 6 mars 1960.
En plus des sources ci-dessus mentionnées : APSJC, Ba3, cahier d’annonces du dimanche 19 mars 1961.
« Le petit nombre de participants aux réunions précédentes suggère une réflexion » (APSJC, Ba3, cahier d’annonces du dimanche 19 mars 1961).
APSJC, Cb1, compte-rendu du comité d’administration, 24 octobre 1969.
APSJC, Ca3, feuille d’annonce, sans date, probablement 1971.