La Semaine religieuse est très utile de ce point de vue, car elle permet de dresser la chronologie de ces réaménagements souvent minimes, mais porteurs sur le moyen terme d’une redéfinition des structures territoriales du diocèse.
Dès le début de l’année 1956, les réunions du clergé (curés, vicaires, aumôniers) de la région lyonnaise s’organisent à partir d’un échelon nouvellement créé, le « secteur ». Cette refonte s’adresse aux seuls « curés de Lyon ». Ces secteurs concernent donc spécifiquement la partie entièrement urbanisée du diocèse. Au nombre de neuf, ces secteurs sont désignés de façon diverse : ils reprennent parfois le nom d’un quartier (« Croix-Rousse », « Vaise », « Brotteaux », « Guillotière »), voire d’une commune (« Villeurbanne ») qu’ils englobent, ou sont caractérisés par une localisation géographique (« sud-est », « banlieue sud-est », « banlieue nord-ouest », « centre de Lyon »)1624.
Le bulletin diocésain ne fournit pas d’explications mais il faut sans doute replacer cette recomposition dans une série de tentatives destinées à trouver un maillage territorial adéquat pour l’agglomération lyonnaise. En effet, quelques mois plus tard, en octobre 1956, des modifications sont apportées à cette répartition : plusieurs paroisses du secteur « Guillotière » sont transférées vers les secteurs du « sud-est »1625 et de « Villeurbanne »1626. Une preuve supplémentaire d’une prise en compte de la croissance urbaine se trouve dans le fait que trois paroisses qui ne faisaient pas partie de ces secteurs de l’agglomération lyonnaise en décembre 1955 sont quelques mois plus tard intégrées au secteur « banlieue sud-ouest » : il s’agit de Brignais, Irigny et Chaponost. Auparavant simples cadres des réunions pastorales, ces secteurs serviront désormais aussi pour les récollections1627.
Ces modifications du cadre géographique ecclésiastique sont également à mettre en résonance avec les conclusions du Congrès de l’Union des Œuvres que la Semaine religieuse de Lyon publie en avril 19561628. Réunis à Versailles sur le thème « Pastorale, œuvre commune », les congressistes mettent l’accent sur les « zones humaines (agglomération urbaine ou secteur rural homogène) » propices à une « judicieuse coordination des ministères dans un cadre d'action suffisamment large »1629. Parmi les mutations énumérées pour justifier cette orientation pastorale figurent, il est vrai, des transformations liées au monde du travail et à l’emprise de la technique et des communications sur les sociétés, mais aussi les « migrations » et l’ « aménagement du territoire ». L’expression « pastorale d’ensemble » est utilisée pour signifier le changement d’échelle auquel l’Église se voit contrainte : « À monde élargi, pastorale d’ensemble ! »1630.
« Réunion des curés de Lyon », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 22 décembre 1955.
Il s’agit des paroisses de Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Maurice, Notre-Dame-Saint-Alban, Les Essarts, Sainte-Jeanne-d’Arc de Parilly, Notre-Dame-du-Bon-Secours et Bron.
Paroisse du Saint-Sacrement.
« Redistribution des paroisses de Lyon et banlieue en secteurs pour les récollections et réunions pastorales », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 12 octobre 1956.
« Conclusions du Congrès de l' Union des Œuvres de Versailles, "Pastorale, œuvre commune" », Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 27 avril 1956.
Les conclusions du Congrès reprennent une phrase tirée de la Lettre du 30 mars 1956 du pape Pie XII.
« Conclusions du Congrès… », op. cit.