Que devient la ville dans la pastorale d’ensemble lyonnaise ? Se fond-elle et se confond-elle avec le reste du dispositif, ne constituant qu’un élément parmi les autres ? L’espace le plus urbanisé du diocèse fait l’objet d’un traitement particulier dans le cadre de la réorganisation pastorale.
Ce constat n’est guère surprenant, à dire vrai, au vu de la place qu’a occupée l’agglomération lyonnaise dans les ajustements successifs du découpage ecclésiastique diocésain dans la seconde moitié des années 1950. L’exception urbaine est confirmée lorsque se met en place la pastorale d’ensemble en 1961. Les secteurs créés en 1956 sont utilisés comme circonscription de base. Pour l’agglomération lyonnaise, on parle donc de « secteur » (ou « secteur pastoral ») et non de « zone ». Un particularisme urbain est également visible dans l’organisation des commissions pastorales : il existe bien, comme pour les « zones » du reste du diocèse, des commissions d’étude des faits sociaux ou des catégories sociales posant problème au clergé, mais il est créé en parallèle des commissions « à l'échelon urbain, pour des faits sociaux plus généraux »1671. L’échelle de la grande ville est donc considérée comme pertinente pour aborder certaines difficultés dans l’apostolat. La complexité du dispositif que l’on peut à juste titre deviner, devient flagrante lorsqu’on ajoute que ces commissions sur les faits sociaux à l’échelle de l’agglomération ne sont pas à confondre avec d’autres « commissions de recherche » portant spécifiquement, quant à elles, « sur les questions de pastorale paroissiale ou diocésaine qui continueront ou seront créées, soit dans lesarchiprêtrés, soit à l'échelon urbain (par exemple, pour la pastorale des fiancés, la liturgie, l'organisation des paroisses) »1672 !
Gabriel Matagrin justifie cette exception urbaine dans le dispositif d’ensemble par les « dimensions » de l’espace considéré, ce qui renvoie sans doute dans son esprit au nombre important de prêtres à mobiliser, davantage qu’à une question de périmètre. Car il prévoit une mise en route nécessairement « plus lente » pour la pastorale d’ensemble dans l’agglomération1673. Cependant, l’explication fournie par le vicaire général est un peu courte : au sein du Secrétariat inter-diocésain de la pastorale d’ensemble se met également en place une réflexion approfondie sur une pastorale proprement urbaine qui a d’autres justifications que la seule question du nombre. Le passage des campagnes à la ville, y compris dans la pastorale, n’est pas un saut seulement quantitatif. D’autant que l’Archevêché se heurte à des difficultés pour définir, en ville, des « zones humaines » homogènes. La pastorale d’ensemble, de l’avis de Gabriel Matagrin, est plus facile à mettre en place dans le monde rural qu’à Lyon, « car l’unité pastorale est l’agglomération et, dans une agglomération d’un million deux cent mille habitants, on ne voyait pas comment déterminer des zones humaines. La ville multiplie pour chacun le nombre de lieux de vie, d’appartenances »1674.
En 1964 existent dans l’agglomération lyonnaise neuf « secteurs territoriaux » et trois « secteurs fonctionnels » (aumôneries d'hôpitaux, monde universitaire et monde scolaire) qui servent de cadre à la pastorale diocésaine jusqu’en 19691675.
« Organisation des zones pastorales… », op. cit.
Idem.
« Organisation des zones pastorales… », op. cit.
Gabriel Matagrin, Le Chêne et la Futaie…, op. cit., p. 68.
« Unités pastorales nouvelles », Église de Lyon du 23 janvier 1970.