II. Le rôle de l’union féminine civique et sociale (UFCS) dans la région lyonnaise : formation et information des habitants dans un contexte de croissance urbaine

Le cas de l’UFCS présente l'avantage de remplir tous nos critères de recherche : ce mouvement est né dans la mouvance du catholicisme social et, malgré sa déconfessionnalisation en 1965, il rassemble après cette date une majorité d'adhérentes sinon croyantes, du moins de culture chrétienne1720. D'autre part, la majeure partie de ces femmes appartiennent au milieu des années 1960 au monde des classes moyennes, comme il sera montré plus bas. Cette association présente en outre l'avantage d'avoir créé des équipes régionales et locales sur la quasi totalité du territoire national, ce qui permet de croiser les directives du siège parisien avec les pratiques des militantes sur des terrains identifiés, et notamment celui de la région lyonnaise. Surtout, l'UFCS a développé toute une branche de son activité autour de la question de l'urbanisme, dont le Centre des Archives du féminisme à Angers a gardé la trace. Il va de soi que l'Union féminine n'est pas toute l'Église, et que les analyses qui vont suivre seraient à confronter avec le cas d'autres mouvements, comme l'ACI par exemple1721. Il reste que la réunion appréciable de ces conditions fait de l'UFCS un observatoire exceptionnel pour croiser catholicisme, classes moyennes et urbanisation.

Notes
1720.

La déconfessionnalisation a été largement souhaitée par les militantes catholiques elles-mêmes, comme le prouvent plusieurs témoignages d'anciennes responsables, dont celui-ci : « Cette étape a dû être vécue très douloureusement par les anciennes qui restaient très attachées à la référence chrétienne. Elle s'explique par l'évolution de l'Église […]. Elle a été voulue non pas parce que beaucoup de non-chrétiennes rentraient à l'UFCS mais au contraire parce que les militantes d'Action catholique et de Vie nouvelle alors très nombreuses à l'UFCS cherchaient à y trouver un engagement neutre » (Centre des Archives du féminisme (CAF), 16 AF 4, « De 1956 à 1970, l'UFCS vue par Monique Bouchez, secrétaire générale », dans Recherches sur l'UFCS par celles qui l'ont vécue [brochure de l'Amicale UFCS et du Collège coopératif réalisée par l’Atelier d'écriture historique de Montrouge], « À partir de témoignages », fascicule n°1, novembre 1987.

1721.

Une brève étude de l’ACGH dans le diocèse de Lyon pour les années 1960-1970 a été réalisée à partir des papiers Gerlier conservés aux Archives diocésaines. Voir plus bas dans le même chapitre.