1. Les équipes de Lyon

a) Un essor remarquable au cours des années 1950-1970

Il n’a pas été aisé d’identifier avec certitude le périmètre de l’équipe que le fonds d’archives conservé à Angers présente comme « la » section de Lyon  au singulier. Un dépouillement précis montre que cette appellation renvoie vraisemblablement à trois groupes différents, qui se recoupent en partie.

Il y a d’abord une équipe née à Lyon même, dont on a la trace à partir du début des années 1950. Forte de 104 adhérentes en 1952, l’UFCS lyonnaise en compte 186 en 19571773. Puis elle enregistre plus d’une centaine de nouvelles adhésions en deux ans (1958-1959). Cette progression constante des effectifs au cours de la décennie conduit les responsables à distinguer, à partir de 1959, une équipe régionale de l’équipe proprement lyonnaise. Ainsi, pour cette année 1959, la section UFCS compte 241 militantes ayant payé leur cotisation, « dont 188 à Lyon »1774. Ce qui signifie que l’association a élargi son recrutement sur le plan géographique au cours des années 1950, suivant en cela le mouvement d’urbanisation que connaît le département du Rhône. Enfin, pour les années 1978-1979 (seules années après 1960 pour lesquelles est conservé un état des effectifs), l’équipe de Lyon correspond en fait à celle du seul 6ème arrondissement de la commune1775. Si une scission - attestée par aucun document - reste toujours envisageable dans les causes de ce changement1776, il semble que ce soit le grand nombre d’adhérentes résidant dans cet arrondissement qui ait poussé ces militantes à changer leur appellation.

Dans tous les cas de figures évoqués, à périmètre constant, l’UFCS connaît une augmentation de ses effectifs, y compris pour la fin de la décennie 1970 au cours de laquelle le nombre d’adhérentes de Lyon 6ème passe de 33 à 411777. Même si dans ce dernier cas, les responsables de la section s’inquiètent d’une « relève qui sera difficile »1778, cet essor est remarquable dans la configuration du militantisme catholique après 1968. Certes, les mouvements ouvriers, au moins en apparence, conservent des effectifs importants, puisque la JOC et la JOCF sont par exemple capables de réunir 40 000 participants en 1974 lors de leur rassemblement national à Paris1779. Mais la vitalité de l’UFCS contraste avec l’effondrement numérique des mouvements étudiants (JEC, ACU, Mission étudiante) ou celui du MRJC, ce dernier ne comptant en 1976 qu’une dizaine de milliers de militants1780. Il faut rapprocher cette apparente bonne santé de l’UFCS de l’Action catholique des milieux indépendants qui recrute dans le même vivier des classes moyennes, majoritairement urbaines. L’ACI revendique 33 000 membres en 1973. Mieux : elle connaît un renouvellement de ses troupes cette année-là, signe d’une forte capacité de résistance face à l’érosion qui affecte les mouvements militants1781. Ce dynamisme tient sans doute pour une part à des facteurs d’ordre sociologique comme l’urbanisation et la tertiarisation de la société française, mais il est né aussi d’un effort interne de renouvellement de la réflexion sur la crise que connaissent les sociétés occidentales1782. Or, une attention semblable aux signes des temps et à leur compréhension explique au moins en partie la vitalité de l’UFCS lyonnaise, pour laquelle la formation intellectuelle et civique des femmes constitue un axe fondamental.

Notes
1773.

CAF, 16 AF 52, réponse aux enquêtes « cadres UFCS », janvier 1953, 1954-1955 et janvier 1956.

1774.

CAF, 16 AF 47, rapports d’activités de l’UFCS de Lyon, 1958-1959, 1959-1960 et 1960-1961.

1775.

CAF, 16 AF 47, rapport d’activités de la section du 6ème arrondissement de Lyon, 1978-1979.

1776.

Le cas de scissions reste peu probable et n’est attesté, même par allusion, par aucun des documents dépouillés. Il faut remarquer cependant de fréquents changements d’adresses pour le siège de l’association (rue Pizay en 1949, rue Ferrandière de 1956 à 1959, rue Tupin de 1959 à 1961 au moins, 32 quai Saint-Antoine en 1976-1977), qui laissent deviner une certaine instabilité de la section lyonnaise.

1777.

CAF, 16 AF 47, rapport d’activités de la section du 6ème arrondissement de Lyon, 1978-1979.

1778.

Idem.

1779.

Denis Pelletier, La crise catholique…, op. cit., p. 87.

1780.

Ibidem.

1781.

Idem, p. 100.

1782.

Idem, p. 99-101.