La section UFCS de Bron a été créée, comme c’est souvent le cas dans le Rhône, à la suite de réunions d’information organisées dans les années 1960 par l’équipe de Lyon. Les « équipes civiques » proposent en effet des conférences auprès des populations des communes du département dans le cadre des élections municipales. Ces réunions, souvent animées par des élues, ont lieu à la demande des communes elles-mêmes dans un but de formation et d’information des citoyens. Or, dans le cas de Bron, c’est vraisemblablement en 1966, après une réunion d’information pour les élections municipales de 1965, qu’est née une équipe indépendante de sa consœur lyonnaise, comme à Caluire, Oullins ou La Mulatière la même année. Thérèse Garraud a été l’une des fondatrices de la section brondillante. L’expérience accumulée dans ce travail de démarrage lui a permis d’être élue au Conseil municipal de la commune lors des élections de 1971. Sans doute a-t-elle participé également aux journées de formation dédiées aux conseillères municipales qu’organise en outre chaque année la section de Lyon dans le département1803.
Les débuts de la section UFCS de Bron restent obscurs faute de sources. Mais après les évènements de Mai 1968, l’Union féminine demande à la Municipalité en place d’ouvrir le dialogue avec les associations et propose la création d’un « office socio-culturel » qui coordonnerait les activités de la commune sur l’ensemble de la ville. Le maire Sigismond Brissy convoque toutes les associations et les travailleurs sociaux, mais impose le sujet de concertation : les crèches à domicile. Les associations refusent ce « diktat » et décident de se réunir sans les élus : c’est la fondation du Groupe inter-quartiers (GIQ)1804, qui intervient sans doute au cours de l’année 19691805. Ce collectif souhaite faciliter la coordination des actions du tissu associatif et se pense comme une réponse à la forte croissance urbaine : « Qu'est-ce que le Groupe inter-quartiers ? Une rencontre des associations implantées sur Bron, qui ont le souci de l'animation de la Cité. Ce regroupement doit permettre d'harmoniser l'effort de chaque association, grâce à une vue d'ensemble de notre ville. Bron, ville en croissance, subit le poids de quartiers neufs à organiser, et la contrainte de grands équipements (autoroutes, etc…). Des problèmes d'aménagement et d'animation se posent pour que Bron devienne une vraie ville, agréable à vivre »1806. Sans cette animation socio-culturelle, Bron ne serait donc pas encore une véritable ville, mais seulement un ensemble urbain.
Preuve du rôle joué par l’UFCS : le secrétariat du GIQ est installé chez une des membres de l’Union féminine, Marguerite Marquet, au 7 rue du Vallon à Bron. En mars 1970, ce collectif regroupe, outre l’UFCS, une vingtaine d’associations : associations familiales du département et de la commune, plusieurs comités d’intérêts locaux, le centre social, un comité de coordination des parents d’élèves, des associations de jeunes, la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC), la CFDT et un groupe de travailleurs sociaux. S’y ajoutent un « Comité de défense de l'environnement » précurseur, ainsi que diverses fédérations d’associations, comme le Comité de coordination « Bron-Nord » ou le Comité « Pour nos gosses ». Celui-ci, né à Bron en 1960, est une préfiguration du GIQ puisqu’il regroupe déjà, lors de sa création, l’UFCS, les associations familiales, les comités d'intérêts locaux, l’Amicale laïque et les conseils de parents d'élèves de la commune1807.
Le GIQ « n’est pas une superstructure mais un bureau-secrétariat »1808 qui se passe de l’institutionnalisation minimale que peut lui donner le statut d’association loi 1901. L’objectif affiché est une mise en commun des informations et des propositions. Il suppose la mise sur pied d’études qui doivent servir de support et d’argumentaire dans le dialogue attendu entre pouvoirs publics, techniciens et habitants. Il s’agit en somme d’ « élever la capacité de pouvoir »1809 de ces derniers. Les actions, qui sont financées par une participation des associations1810, s’organisent autour de trois priorités, qui ont toutes un rapport direct avec l’urbanisation de la commune : l’animation urbaine, l’aménagement et la concertation entre habitants et pouvoirs publics. Pour chacune d’entre elles, l’UFCS joue un rôle de premier plan.
CAF, 16 AF 4, Thérèse Garraud et M. Lacoin, « Une équipe départementale : Rhône », dans Recherches sur l'UFCS par celles qui l'ont vécue, « L'UFCS et la vie civique (citoyenneté) » :fascicule n°5, 1992, p. 36-37.
CAF, 16 AF 193, note « Groupe inter-quartiers, Bron », sans date.
Une lettre de Marguerite Marquet de la section UFCS de Bron, datée du 15 janvier 1970, évoque un article que cette responsable vient de rédiger au nom du GIQ pour le journal Le Progrès paru la veille (CAF, 16 AF 193).
CAF, 16 AF 193, brochure « Informations inter-quartiers », mars 1970.
Idem.
CAF, 16 AF 193, note « Groupe Inter-quartiers, Bron », sans date.
Expression de Jacques Donzelot dans son essai Quand la ville se défait. Quelle politique face à la crise des banlieues ?, Paris, Seuil, 2006, p. 147.
CAF, 16 AF 193, note « Groupe Inter-quartiers, Bron », sans date.