III. L’affaire du terrain de la sainte-famille à Villeurbanne (1970-1973) : des catholiques dans un mouvement urbain de défense du cadre de vie

Le mouvement de contestation né autour du problème du terrain de la Sainte-Famille n’a jamais été, malgré son appellation, une lutte urbaine à base confessionnelle. Il ne ressemble pas en ce sens à d’autres formes d’engagement chrétien dans la mouvance écologiste telles qu’a pu connaître par exemple la mobilisation contre la construction de barrages sur la Loire à la fin des années 19801870. Il regroupe des militants et des habitants venus de tous les horizons politiques et, comme pour l’affaire « Lip » au même moment1871, beaucoup de catholiques présents dans ce mouvement vivent leur action sur un mode sécularisé. L’identité de quartier prime sur l’affirmation d’une originalité chrétienne.

Bien que Jean-Jack Queyranne et, dans une moindre mesure Bernard Meuret, aient tracé les grandes lignes de la chronique des événements, il nous a paru indispensable d’établir au préalable la chronologie fine de l’affaire et d’en rendre compte avec un renvoi précis aux sources utilisées, au risque d’alourdir la lecture et de dévier un temps de notre problématique religieuse. Dans un second temps seront analysées les modalités diverses selon lesquelles des catholiques villeurbannais ont investi cette lutte, avec pour enjeux centraux le rôle des classes moyennes et la légitimité des luttes urbaines dans le mouvement social.

Notes
1870.

En 1988-1989, le groupuscule « Groupe des chrétiens de SOS Loire vivante » en appelle à l’évêque et même au pape Jean-Paul II pour contrecarrer un projet qu’il trouve nuisible pour l’environnement et l’épanouissement humain (voir André Micoud, « Contestation écologique et mobilisation religieuse », dans Danièle Hervieu-Léger (dir.), Religion et écologie, Paris, Cerf, 1993, p. 167-184).

1871.

Voir Denis Pelletier, La crise catholique…, op. cit., p. 269-273.