L’ensemble du terrain (16 000 m2) dit « de la Sainte-Famille », situé en bordure de l’avenue Roger-Salengro au nord de Villeurbanne (quartier de Croix-Luizet), était avant 1972 la propriété de deux groupes de personnes : d’une part, la Société civile immobilière (SCI) de la Sainte-Famille, gérante des biens de la paroisse du même nom, qui en possédait environ 14 000 m2 depuis 19041872 ; d’autre part, la famille Beaumont, qui détenait les quelque 2 000 m2 restants. Au début des années 1970, ce terrain n’est plus occupé par ses propriétaires. Il est devenu pour partie un terrain de football ouvert à tous et pour le reste une friche naturelle.
À la suite de l'effondrement sur l'avenue Salengro, fin 1965, d'une bâtisse inoccupée depuis peu, les propriétaires (SCI et famille Beaumont) prennent contact avec la Mairie pour lui vendre les terrains situés en façade de cette avenue. La proposition de vente ne porte que sur une profondeur de soixante mètres, le terrain de sport restant propriété paroissiale « afin de conserver sa vocation de détente pour les jeunes »1873. Mais en juin 1967, le maire fait part de son désir d'acheter la totalité du terrain. Les propriétaires refusent par lettre en date du 4 août 1967 en confirmant leur position, à savoir qu’ils souhaitent conserver le stade pour les enfants tout en maintenant la possibilité de vente des terrains en façade en fonction des conditions de prix et d'utilisation1874.
Les pourparlers reprennent en 1969 lorsque la Mairie de Villeurbanne souhaite acquérir des terrains de sport sur la commune. Elle propose à nouveau d’acheter le stade, ce qu’accepte la SCI le 18 décembre 1969, à une double condition d’après Émile Pin : la Mairie doit s’engager à maintenir le terrain de sport et les anciens propriétaires conservent la libre jouissance des terrains de façade1875. Le 17 février 1970, le maire répond qu'il est d'accord avec son Conseil municipal pour accepter ces clauses et acquérir 11 510 m2 - dont 10 907 à la SCI et 603 à la famille Beaumont - en donnant l'assurance que priorité serait donnée dans la mesure du possible aux clubs de jeunes pour la jouissance du terrain de sport1876. Le maire de Villeurbanne Étienne Gagnaire mentionne une autre clause que ne reprend pas le Comité de coordination dans son historique : SCI et famille Beaumont auraient accepté de céder à la Ville cette parcelle, sous réserve d'être autorisés à procéder à une opération de construction immobilière sur le terrain de 5 000 m2 dont ils restaient propriétaires1877. En novembre 1972, le terrain de 11 000 m2 qui correspond au terrain de football est cédé à la commune de Villeurbanne. En avril 1973 encore, le maire affirme ne pas avoir arrêté de décision pour cette parcelle, mais évoque le projet de construction, en cas de nécessité, d’une école maternelle « ou d’une autre construction publique »1878. Les 5 000 m2 restants sont vendus par la famille Beaumont et la SCI à un promoteur, qui se voit délivrer un permis de construire le 28 septembre 19721879. L’ensemble immobilier « Le Vert-Galant » qui doit voir le jour comprend soixante-douze logements répartis sur neuf étages.
Cette date, avancée par le journaliste Jean-Marc Théolleyre (Le Monde, 13 avril 1973), n’a pu être confirmée par les autres documents du dossier.
Émile Pin, président de la SCI de la Sainte-Famille, avait déclaré au Comité de quartier des Büers : « afin de conserver sa vocation », mais le Comité a complété la citation. Voir « Sauvons le terrain de la Sainte-Famille. Un point capital : l'information du public », dans Journal des Büers (réalisé par le Comité de quartier des Büers), 7, mai 1973.
« Sauvons le terrain de la Sainte-Famille… », op. cit.
Idem.
Idem.
Archives municipales de Villeurbanne (AMV), 3 R 6, lettre du député-maire de Villeurbanne Étienne Gagnaire au conseiller municipal Robert Fléchet, 16 avril 1973.
AMV, 3 R 6, lettre du député-maire Étienne Gagnaire à Maurice Gamonnet (habitant de Villeurbanne), 24 avril 1973. Le projet d’une « éventuelle école maternelle » est également évoqué par le conseiller municipal Robert Fléchet dans une lettre au député-maire Étienne Gagnaire le 14 avril 1973 (AMV, 3 R 6).
Le Monde, 13 avril 1973. Le Comité de quartier des Büers date ce permis de construire du 5 octobre 1972 et parle d’une première demande refusée par la Préfecture en juin 1972 pour non-conformité avec les règles d’urbanisme (hauteur excessive, sécurité, alignement). Voir AMV, 3 R 6, « La loi contre le quartier », dans La Voix des Quartiers (journal du Comité de coordination), 1, 1973.