1. La création d’une Commission diocésaine des biens immobiliers pour l’archidiaconé Saint-Jean

Les Commissions de biens immobiliers (CBI) créées dans les diocèses doivent avant tout servir de courroies de transmission pour la réalisation de l’inventaire des biens d’Église demandé à l’échelle nationale. L’opération prend du retard, notamment en raison du faible effectif de prêtres dévolu à cette tâche2023. En janvier 1974 encore, un document de l’Association diocésaine de Lyon signale que les délégués au temporel de chaque secteur pastoral du diocèse viennent de désigner des prêtres chargés de collecter toutes les informations nécessaires à l’établissement de cet inventaire diocésain. Une fiche dite « de propriété », une autre « de gestion » facilitent ce travail de normalisation des données2024. La mise en place de la CBI pour l’archidiaconé Saint-Jean date de 1972, soit deux ans après la mise en place de l’organisme national. Le bulletin diocésain donne deux dates contradictoires pour la date officielle de création : décembre 1972 et 24 mai 19752025. Le fonctionnement est de toute façon antérieur car le fonds Delorme garde la trace d’une réunion de la CBI de Lyon qui s’est tenue le 16 mai 19722026.

La CBI, qui siège place de Fourvière dans les locaux de l'Archevêché, se caractérise par une grande stabilité dans la composition de l’équipe entre son démarrage et la date retenue pour borner notre champ d’étude (fin 1975)2027. Peu d’absences sont à signaler (onze seulement recensées), ce qui tendrait à prouver l’importance que revêt aux yeux de ses membres une telle commission de travail. Mgr Johannès Mazioux et le laïc Charles Callard, notamment chargé de rédiger les comptes-rendus, y représentent l’ODPN, tandis que le chancelier Georges Buttin parle au nom de l’Association diocésaine. S’y ajoute un trio de trois prêtres chargés de paroisse : Michel Mas, vicaire à Sainte-Blandine (2ème arrondissement) ; Pierre Granet, curé de Notre-Dame-de-la-Paix dans le quartier de Vassieux à Caluire, puis de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or à partir de septembre 1973 ; enfin Jacques Pernet, curé de Charbonnières.

Le père Maurice Delorme anime les discussions et prend les décisions finales. Né à Lyon le 20 novembre 1919 dans une famille ouvrière, il a fait toutes ses études dans le diocèse : à l'École cléricale de l'Annonciation (Vaise), au Petit Séminaire Notre-Dame à Oullins, puis aux Séminaires de philosophie (Saint-Joseph) et de théologie (Saint-Irénée) à Francheville, avec interruption d'un an pour l'armée et les chantiers de jeunesse. Il a été ordonné prêtre en octobre 1942 à Notre-Dame-de-Fourvière (avec dispense pontificale, car il n'avait pas vingt-trois ans). Il fut plusieurs années vicaire, d’abord à Tarare (1942-1945), puis à Saint-Pierre-de-Vaise (1945-1947), enfin au Sacré-Cœur (1947-1950). Après son entrée au Prado pour l'année de formation, il est nommé curé de la Saulaie d'Oullins (1951-1954), puis du Saint-Sacrement (1954-1959). Il est alors pour un an aumônier de la Paroisse Universitaire (1959-1960), avant d’être désigné comme aumônier diocésain pour l’ACO, l’ACGF et la Mission ouvrière (1960-1969). Il est également membre du Conseil du Prado de Lyon de 1954 à 1964. Choisi comme vicaire épiscopal pour l'est de Lyon en 1969, il devient archidiacre de Lyon et de son agglomération en 1970. En octobre 1975, il est choisi comme évêque auxiliaire de Lyon par le cardinal Renard en raison de sa bonne connaissance de la région et du clergé lyonnais, et pour ses qualités d’administrateur2028.

Mois après mois, la CBI assure un suivi très précis de toutes les opérations immobilières dans le diocèse. L’ordre du jour est établi en fonction du courrier reçu et de l’avancée des tractations. La Commission organise des visites sur le terrain lorsque la situation l’exige, ou dépêche un ou deux de ses membres pour faire un compte-rendu sur place. Occasionnellement, elle convoque les curés concernés par une transaction foncière ou immobilière pour évoquer avec eux les difficultés rencontrées2029. De temps à autre également, elle sollicite l’avis des fidèles sur place, notamment le comité paroissial, comme c’est par exemple le cas à Saint-Fons en mars 1975 pour la vente d’un terrain à la commune. Mais ce n’est pas toujours le cas2030. La CBI reste de toute façon seule maître des décisions.

Notes
2023.

AAL, fonds Delorme, I. 1542, compte-rendu de la réunion de la CBI du 23 janvier 1973.

2024.

Cet inventaire n’a pu être retrouvé aux Archives de l’Archevêché de Lyon.

2025.

Église de Lyon du 15 décembre 1972 ; « Organigramme des commissions du Temporel » établi par le chancelier Georges Buttin et consigné en fin de volume de l’année 1975 d’Église de Lyon.

2026.

AAL, fonds Delorme, I. 1542, « compte-rendu de la réunion de la CBI du 16 mai 1972 », par Charles Callard, 17 mai 1972.

2027.

Soit trente-sept réunions, à raison d’une par mois (sauf pendant les deux mois d’été).

2028.

« L’Abbé Maurice Delorme nommé évêque auxiliaire », Église de Lyon du 17 octobre 1975.

2029.

C’est par exemple le cas pour le père Henri Arto curé de la ZUP des Minguettes à Vénissieux (AAL, fonds Delorme, I. 1542, compte-rendu de la réunion de la CBI du 12 novembre 1974).

2030.

Dans le cas de Saint-Fons par exemple, la CBI semble faire une concession : « Étant donné l’ampleur de ce projet, l’AD [l’Association diocésaine] est obligée de demander l’avis des habitants du quartier et notamment du Comité paroissial » (AAL, fonds Delorme, I. 1542, lettre de Charles Callard au maire de Saint-Fons, 25 mars 1975).