A. La mise en place des unités pastorales nouvelles (UPN) en 1969-1971

1. Une première étape : les « secteurs pastoraux »

La mise en place des UPN est précédée dans le diocèse de Lyon par la délimitation de « secteurs pastoraux » qui remplacement la paroisse comme nouvelle unité de base de la pastorale. Cette nouvelle structuration de l’espace diocésain annoncée en juillet 1969 doit permettre et faciliter la « collaboration organique » entre prêtres exerçant des ministères différents. Elle prend la suite des neuf « secteurs territoriaux » et trois « secteurs fonctionnels » évoqués dans le chapitre 10. Elle s’effectue donc aussi dans la continuité directe et explicite du décret pontifical Ad Gentes du 7 décembre 1965 qui demande de tenir compte des groupes auxquels les personnes appartiennent. Le cadre est par conséquent celui de la pastorale d’ensemble, mais avec un périmètre plus restreint que pour la zone humaine, jugée trop large : « Le secteur pastoral est l'unité de concertation pastorale ; il correspond à une unité humaine élémentaire définie par un certain nombre de critères dont les suivants : - le secteur pastoral doit être assez large pour ressaisir une part importante de la vie sociale d'une population, ce qui n'est plus possible à l'échelon d'une paroisse, aussi bien à la campagne qu'en ville ; le secteur pastoral doit demeurer assez proche des personnes et des communautés locales, ce qui n'est pas possible à l'échelon de la zone humaine dans laquelle l'unité de base s'insère […] »2110. La création des secteurs pastoraux s’inscrit enfin dans les travaux du Conseil du presbyterium en vue d’améliorer le travail sacerdotal2111. En particulier, il est prévu que les prêtres soient impliqués dans le processus de nomination des responsables de secteur2112.

La création de secteurs pastoraux n’est donc pas pensée comme un énième découpage ecclésiastique pour ajuster limites communales et frontières paroissiales. Au contraire, elle est mise directement en relation avec les efforts de réflexion dans le diocèse « sur les réalités de la grande ville »2113. Les archiprêtres en particulier souhaitent en faire un levier pour saisir l’unité de l’agglomération au moment où se dessinent les contours d’une communauté urbaine. Quelles structures diocésaines garder, lesquelles inventer ? Comment surtout parvenir à les relier entre elles ? Dans les espaces urbains, c’est le quartier qui servira de calque pour la délimitation des secteurs. Mais le Conseil du presbyterium alerte les responsables diocésains sur le problème essentiel de l’échelle à laquelle est conduite la pastorale : à l’Archevêché qui admet que le dispositif des secteurs pastoraux est plus lent à se mettre en place pour l’agglomération qu’en zone rurale, les archiprêtres expliquent qu’il faut dépasser cet antagonisme ville-campagne car l’agglomération elle-même est débordée par des problématiques désormais régionales. La nature de l’urbanisation devient par conséquent un enjeu politique entre l’Archevêché et une partie des prêtres du diocèse. La définition de la ville et de ses contours influence directement le contenu et les conditions d’exercice de la mission. À la fin de l’année 1969, ces discussions prennent une envergure nationale lorsque l’ « Assemblée évêques-prêtres » de Lourdes décide la création des Unités Pastorales Nouvelles (UPN).

Notes
2110.

Église de Lyon du 23 mai 1969.

2111.

Idem.

2112.

« Vers des secteurs pastoraux », Église de Lyon du 18 juillet 1969.

2113.

« À propos des secteurs pastoraux », Église de Lyon du 3 octobre 1969.