2.2. Cadre théorique relatif aux connaissances des enseignants

L’enseignant est tenu pour être un des facteurs les plus importants dans l’apprentissage des élèves (Abell, 2007), mais quelles caractéristiques des connaissances de l’enseignant sont cruciales pour favoriser l’apprentissage des élèves ? Est-ce qu’un enseignant qui a de bonnes connaissances en sciences enseigne mieux les sciences ? Pour répondre, entre autres, à ces questions, la recherche en éducation s’est penchée, depuis de nombreuses années, sur les connaissances des enseignants. Fenstermacher, cité par (Abell, 2007), a développé une classification de ces recherches dans laquelle il distingue celles portant sur les connaissances à propos de l’enseignement (connaissances formelles) de celles acquises par les enseignants au cours de leur activité d’enseignement (connaissances pratiques).

La recherche des années 60 et 70 sur l’enseignement des sciences s’inscrit dans le premier courant, définissant les connaissances des enseignants comme un élément statique (une compétence ou une qualification) d’une catégorie plus large : les caractéristiques des enseignants. Ces caractéristiques sont comparées à la pratique des enseignants ou aux productions des élèves. Dans ce premier courant, la professionnalité enseignante était l’objet de recherches et l’accent était mis sur la production d’une « base de connaissances » pour identifier les connaissances formelles nécessaires à l’enseignement.

Dans les années 80, la recherche sur les connaissances des enseignants a changé grâce à de nouveaux programmes de recherche. Dans ces programmes, les enseignants étaient vus comme les « connaisseurs » et l’intérêt s’est porté sur leurs connaissances professionnelles ; ces travaux se situent dans le deuxième courant de la classification de Fenstermacher. La perspective est donc passée des connaissances à propos de l’enseignement produit par des tiers aux connaissances des enseignants construites par les enseignants. L’enseignant est donc vu comme détenteur et producteur de son propre savoir.

Bien qu’appartenant à ce même courant de recherche, les travaux de Shulman (1986) se différencient du reste de ces travaux en ce qu’ils cherchent à répondre à la question : Quelles connaissances sont essentielles pour enseigner ? Pour cela, il étudie des enseignants de différentes disciplines (anglais, sciences, etc.). Ses travaux ont porté sur les connaissances des enseignants relatives à la fois à leur discipline et à l’enseignement. Ces travaux marquent de ce fait un tournant dans la recherche sur les bases de connaissance des enseignants.

Ce qui suit présente un modèle de connaissances de l’enseignant fondé sur les travaux de Shulman. Ce modèle ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté des chercheurs en didactique et plusieurs de ses paramètres font débat. Nous préciserons donc notre point de vue et le modèle retenu.